u terme d'un an de travail, la charte ENTAV INRA vient d'être présentée lors du onzième congrès de la Fédération Française des Pépiniéristes Viticoles. Indissociable de la marque éponyme, cette charte nécessite un engagement obligatoire pour bénificier de la dénomination. Se voulant un socle amené à évoluer et s'étoffer dans les prochaines années, la charte n'implique pour l'instant pas de contrôles extérieurs. Mais cela devrait évoluer, notamment avec la déprise de l'Etat de ses missions de contrôle et la prochaine réforme européenne Better Regulation (prévue à l'orée 2018) qui aura d'importants impacts réglementaires.
La charte proposée se base sur trois points clés. En premier lieu, chaque pépinière adhérente s'engage à avoir au moins un référent parmi les employés ayant été formé à la reconnaissance des pathologies et à l'ampélographie. La question de la formation des pépiniéristes préocupe d'ailleurs, la fermeture du seul cursus (à Beaune) ayant laissé une vacance, compensée par les formations de l'IFV et derniérement la relance d'un cursus à Cherves-Richemont en Charente. Avec la charte, chaque professionnel s'engage également à visiter chaque hiver, et pied à pied, ses vignes mères de greffons et porte-greffes pour y arracher tout plant jugé non conforme. Le troisième point est l'interdiction d'aposer le RP INRA ENTAV sur un plant importé, afin d'améliorer la visibilité de la marque INRA ENTAV et en faire un sigle équivalent à « made in France ».
Cette charte devrait répondre aux attentes et inquiétudes de viticulteurs de Bourgogne et du Centre-Loire. Pour Miguel Mercier (directeur général des Pépinières Mercier, photo), « le vignoble français est rongé par un cancer, les maladies du bois. C'est une question de survie aujourd'hui : 12 % des vignes hexagonales ne sont pas productives à cause d'elles ! A la rentrée va être discuté la mutualisation de la recherche sur ce sujet, la pépinière veut être proactive. » Mais l'objectif de la charte n'est pas tant de dédouaner la filière pépinière par rapport à la menace des maladies du bois que de rassurer les viticulteurs, en faisant connaître les bonnes pratiques des pépiniéristes. « Rien ne ressemble plus à plant de vigne qu'un autre plant de vigne, du moins en apparence » rappelle malicieusement Gabriel Jenny (ancien président de la FFPV). « Il faut aller à l'intérieur du matériel végétal pour en connaître la valeur sanitaire et génétique, puis la valoriser auprès des clients. »