La Bourgogne s'inscrit de nouveau dans un cycle où l'offre de vins est inférieure à la demande » estime Philippe Longepierre (directeur du pôle marché du BIVB). En dents de scie, les faibles rendements bourguignons tendent à un manque chronique de vins. « Après avoir perdu en trois campagnes l'équivalent d'une année de récolte, 2012 a été le pompon. Il ne manquait que les criquets pour faire suite à la grêle, une floraison difficile et la mortalité des ceps » commente Géraud-Pierre Aussendou (maison Bouchard). Mais il ajoute que « ce millésime est complétement surprenant au niveau qualitatif. Malgré tous les aléas climatiques, la maturité était présente, avec de belles couleurs et des vins charnus ». Le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne estime que la production d'AOC de Bourgogne a ainsi diminué de 20 % par rapport à 2011.
Restant dans la moyenne quinquennale, les stocks restent serrés et témoignent d'une demande soutenue. Sur les 6 premiers mois de la campagne 2012-2013, les sorties de chai n'ont diminué que de 7 % par rapport à la précédente campagne. Les effets de la petite récolte ne se font pas encore sentir, les commercialisations concernant esentiellement les millésimes 2009, 2010 et 2011. Mais les cours du vrac ont connu une évolution significative, d'au moins 5 à 30 % selon les appellations (voire bien plus sur les grands crus). « Les cours devraient maintenant se maintenir, il faut bien noter qu'en Bourgogne, le vrac se limite à des échanges internes entre négoce et production » ajoute Philippe Longepierre.
Lissée et non répercutée telle quelle, cette hausse de prix semble bien acceptée par les marchés, « car il y a une hausse générale suite à la petite récolte française et plus généralement mondiale. Nos clients le comprennent et l'acceptent » estime Géraud-Pierre Aussendou. Cette conjoncture risque mécaniquement de réduire les parts de marchés des vins bourguignons à l'export. Mais « la Bourgogne ne pèse que pour 0,5 % de la production mondiale de vins » rappelle Philippe Longepierre, et ne peut prétendre qu'à « des marchés de niche. Avant la crise les marchés exports étaient surtout limitrophes, comme le Royaume-Uni et l'Allemagne, depuis les flux se sont modifiés vers les destinations asiatiques et américaines qui sont moteurs. »
Au-delà des enjeux de marché, la filière bourguignonne espère désormais une bonne vendange 2013. Car « ce n'est pas la hausse des cours qui va suffire à boucler les budgets. Les conséquences sur la trésorerie sont aussi bien ressenties par la production que le négoce, et ce ne sera pas sans conséquences... L'idéal serait un millésime normal en volume, il ne faut plus que ça manque, mais pas non plus que ça déborde » juge Géraud-Pierre Aussendou. Si les premières pousses de la vigne sont aujourd'hui encourageantes, il est encore difficile de juger de la production bourguignonne avant les premières fleurs, sans compter les aléas. La maison Bouchard connaît quelque chose de ces risques inattendus, son chai de Savigny ayant été inondé au début du mois.