a fin d'année 2012 aura été particuliérement éprouvante pour l'équipe enseignante du lycée hôtelier de Talence. « Je me souviens de trois semaines de combat, nuit et jour » confie Muriel Lafourcade, professeur responsable de la Mention Complémentaire en Sommellerie (MCS) du lycée de Gascogne. En décembre, le recteur de l'académie de Bordeaux avait annoncé la fermeture de la Mention Complémentaire Bar de Talence dès la rentrée 2013. D'autres mentions à Arcachon, Biarritz étaient visées pour réduire le taux d'encadrement des lycées professionnels. « A terme, le reste de nos mentions était concerné » précise Muriel Lafourcade. « Nous nous sommes fermement opposés à la fermeture de filières génératrices d'emploi et avons milité pour montrer que tous nos élèves trouvent un emploi et restent dans la filière. »
Soutenu par le réseau de ses anciens élèves, l'Union de la Sommellerie Française (USF) et de personnalités de la place de Bordeaux (notamment la famille Lurton), les Mentions Complémentaires menacées seront maintenues en 2013. « Cette menace a été levée » juge Anne Paule Galinier, proviseur adjoint du Lycée Hôtelier de Montpellier, « en Languedoc la formation sommellerie de Nîmes est maintenue et nous créons une MCS la rentrée prochaine ». Muriel Lafourcade est moins optimiste, pour elle « les Mentions Complémentaires restent sur la sellette sur le long terme ». Soulignant cette inquiétude, un récent article de la Revue des Vins de France rapporte d'autres menaces pesant sur les MCS (deux formations sur 4 viennent de fermer en val de Loire). Président de l'USF, Michel Hermet (Wine Bar de Nîmes) ne se veut pas « alarmiste. Nous sommes dans un pays riche de vignobles et de vins qui a besoin de personnes formées et reconnues pour en être les ambassadeurs dans le monde. Sans être pessimiste, je reste vigilant. »
Enseignée dans 42 établissements français, la MCS est un diplôme professionnel de niveau de formation V (accessible aux tituliares d'un CAP). Cette spécialisation est généralement suivie en complément d'un diplôme hôtellerie-restauration, mais est également accessible au salariés ayant au moins 3 ans d’expérience dans cette discipline. Mais le recrutement privilégié d'élèves surdiplômés (BTS et bac) est un reproche fait à la Mention Complémentaire par les rectorats et l'Education Nationale. Demandant la création d'un groupe de travail sur l'avenir de la Mention Complétaire, Muriel Lafourcade propose de passer la formation d'un niveau V à IV, ce qui ouvrirait officiellement aux bac et BTS. « Une solution à étudier » juge Michel Hermet pour qui « l'essentiel est de continuer à sensibiliser les jeunes au métier ».
A noter qu'une seconde formation française de sommellerie existe, le Brevet Professionnel de Sommellerie.
[Illustration : décantation, USF]