ans son rapport de juillet 2011, Rabobank avance que le marché mondial du vin se rapproche de plus en plus d’un équilibre entre l’offre et la demande. Le groupe bancaire néerlandais, en veut pour preuve la diminution des stocks de vin mondiaux, phénomène qui s’explique par la croissance et la reprise de la consommation, qui ont relancé les exportations, tandis que les dernières vendanges sont globalement faibles ou moyennes au niveau internationale (à l’exception notable de l’Australie).
Pour la Rabobank, le Chili est l’exemple type de la tendance décrite ci-dessus. Si l’on compare les quatre premiers mois de 2011 à la même période de 2010, les volumes de vins embouteillés exportés a augmenté de 16,8 %, dans le même temps leur prix moyen connaissait une hausse de 6,4 %. Les ventes de vins en vrac ont quant elles diminué de 55 %. Cette chute importante s’explique par des vendanges particulièrement importantes en 2009, alors que tremblement de terre du 27 février 2010 a entraîne des pertes de récolte conséquentes. Les prévisions optimistes de vendanges qu’avaient avancé les experts en 2010 (pour voir le détail des quantités alors annoncées, cliquer ici) ne se sont pas vérifiées et la production chilienne de 2011 est estimée entre 8,2 et 8,4 millions d’hectolitres, 8,41 millions hL ayant été produits en 2010.
La production chilienne est confrontée à des difficultés qui lui sont bien spécifiques. Le marché anglais est un enjeu clé pour le Chili. Sur les dix dernières années, le Royaume-Uni est resté globalement le premier marché à l’export du Chili (avec 16,7 % de la quantité de vins chiliens exportés en 2010, les Etats-Unis arrivent ensuite avec 16,3 %). Mais l’orientation de la place anglaise vers un marché de prix entraîne une compétitivité sacrifiant les profits. Selon les sources de la Rabobank, nombreux sont les producteurs chiliens qui pensent se détourner prochainement de ce marché traditionnel, ou du moins qui désirent ne pas laisser tous leurs œufs dans le seul panier anglais. L’augmentation de 13 % du prix moyen des vins chiliens importés au Royaume-Uni sur les quatre premiers mois de 2011 ont entraîné une diminution de 5 % des volumes sur cette période. Malgré le gain en valeur, les vins chiliens ont toujours un prix moyen de 20 % en dessous des prix moyens pratiqués sur le marché anglais.
Le taux de change élevé du peso chilien reste une source de difficultés pour les exportations chiliennes. En avril 2011, sa valeur est 19 % supérieure à celle moyenne des dix années passées (en juillet 2011, 100 pesos chiliens valaient 0,21 dollars américains ou 0,15 euros). Ces taux de change ont conduit à la décroissance les marges et à des contrats éphémères, ne réussissant pas à passer au long terme. L’augmentation des coûts de production et les enjeux de main d’œuvre (pour lire notre dossier sur la viticulture chilienne, cliquer ici) ne font que diminuer la marge des producteurs. En effet le Chili ne peut globalement jouer que sur les prix, car il lui manque une identité marquée, le carménére chilien n’a en aucun cas la notoriété du malbec argentin. La construction de marques fortes et la diversification des produits proposés pourraient aider le Chili à se développer sur de nouveaux marchés et mieux équilibrer son prix de revient.