es tarifs des primeurs bordelais commencent à s’afficher et l’on peut déjà avancer que les conseils/avertissements de Robert Parker sont restés lettre morte (pour voir notre article à ce sujet, cliquer ici). Continuant sur la lancée du millésime 2009, les grands domaines bordelais annoncent des prix en hausse pour leurs vins estampillés 2010.
Les + 5 à + 20 % (comme c’est le cas de Château Beychevelle, Quatrième Cru Classé de Saint-Julien) affichés sont sans commune mesure avec le taux d’inflation. Ces augmentations s’appuient sur les critiques des prescripteurs internationaux (eux-mêmes critiquées, lire ici l’avis de Michel Bettane sur les primeurs 2010) qui font de 2010 l’équivalent qualitatif de 2009, considéré à l’époque comme le millésime de la décennie. Cependant la demande semble s’être atténuée par rapport à l’an passé, comme si les négociants étaient frileux à l’idée de devoir investir deux années de suite dans des vins, qui sont devenus des produits luxe à part entière, actuellement inabordables pour le commun des mortels (une caisse de 12 bouteilles de Petrus 2009 se vend aujourd’hui 35 000€).
Coup de tonnerre dans le milieu, le magazine anglais Decanter dévoile que le négociant Barrière Frères (spécialiste des grands vins de Bordeaux) a annoncé à ses clients anglais refuser ses allocations du Château Rauzan-Seglan (Deuxième Cru Classé de Margaux), trouvant que l’offre est hors-de-propos et n’a pas de justification. Le Château Rauzan-Seglan (propriété de la famille Wertheimer, actionnaire principal de Chanel) a fixé le prix de ses bouteilles de 2010 à 84€ l’unité pour le négoce, soit 40% de plus que l’an passé. L'avenir nous dira si ce coup d'éclat sera sans lendemain ou si un mouvement de fond est en chemin.
[Photo : Thomas Sanson - Mairie de Bordeaux]