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orte tension cette année sur le marché vrac des rosés de Cinsault en Languedoc. Ce marché connaît un très fort engouement depuis plusieurs années. L’an dernier, le volume des transactions a encore progressé de 18% pour atteindre les 464 000 hl. En 5 ans, les volumes ont quasiment doublé. Porté par l’explosion du marché du rosé, les rosés de Cinsault ont connu une croissance à deux chiffres au cours des cinq dernières années. Ils représentent la moitié des volumes commercialisés en IGP rosé. Cet engouement du marché n’a pourtant pas eu d’effet dopant sur les plantations. Bien au contraire. Les surfaces plantées en Cinsault ne cessent de décroître depuis 1988. Le Cinsault représentait alors près de 40 000 ha, on n’en compte plus que 10 500 ha aujourd’hui. Au cours des 5 dernières années, il s’est encore arraché 5 400 ha, alors que dans le même temps, les replantations ne dépassaient pas les 825 ha. Plusieurs explications à ce paradoxe : en premier lieu, jusqu’en 2008-2009, le Cinsault ne bénéficiait pas de la prime à la plantation, sauf à quelques exceptions près (Côtes de Thongue, côtes de Thau, Bessan). Ce n’est que depuis la nouvelle OCM qu’il peut être primable, mais uniquement dans le cadre de plan individuel. De plus, avec un cours moyen aux environs de 50 €/hl sur les 5 dernières campagnes, le Cinsault reste économiquement bien moins intéressant qu’un Chardonnay payé près de 90 €/hl. Enfin c’est un cépage très sensible à l’Eutypiose.
Certaines caves coopératives comme celles du groupe audois Uccoar, proposent des primes d’environ 150 €/ha pour inciter à la plantation de ce cépage, mais sans pour autant obtenir de résultats probants dans l’évolution des plantations. Un marché qui progresse et des surfaces qui diminuent …., il fallait s’y attendre, la tension est très perceptible cette année sur le marché. Les volumes se sont arrachés en début de campagne et trouver aujourd’hui du rosé de Cinsault relève de l’exploit. Les cours se sont d’ailleurs raffermis et se situent désormais à 65 €/hl. Cette tension du marché fait craindre à certains des risques de dérapages comme la région en a connu récemment avec le Pinot Noir. Même si les replantations finissent par reprendre, il faudra plusieurs années avant qu’elles aient un effet sur le marché. Comment gérer les années de pénurie qui s’annoncent ? A ce jour, peu s’en inquiète.