A
près l'embargo sur les vins moldaves et géorgiens décrété il y a plus de deux mois, la Russie doit aujourd'hui faire face à une pénurie de vins bon marché. Et ce, en dépit du fait que les viticulteurs russes, profitant de l'évincement de leurs collègues, se sont activement employés à occuper la niche ainsi libérée.
Selon le Conseil des experts pour la réglementation publique de la circulation des alcools et des vins auprès de la Douma, si la production de vins en Russie s'est élevée de janvier à mai 2006 à 9,258 millions de décalitres (dal) (- 17,1% par rapport à la même période de 2005), elle a fait un bond en mai (+56,8%), s'établissant à 4,148 millions de dal. Durant les cinq premiers mois de 2006, la production de mousseux en Russie a représenté 3,131 millions de dal, soit un recul de 3,8% par rapport à la même période de l'année dernière. Mais en mai, elle a augmenté de 47,6%, s'établissant à 1,001 millions de dal. Enfin, si, de janvier à mai, la production de brandies a baissé de 9,1% (1,395 millions dal) par rapport à la même période de 2005, en mai, elle a progressé de 82,5%, à 0,492 millions de décalitres.
Au lendemain de l'interdiction par les services sanitaires russes d'importer les vins d'origine moldave et géorgienne, le président de l'Union des viticulteurs russes Leonid Popovitch assurait que les crus interdits seraient "facilement remplacés par les importations en provenance d'autres pays", même si les stocks de vins russes ne suffisent que pour 5 à 6 mois seulement.
Selon l'agence Business et Analyses, la consommation de vin en Russie par tête d'habitant en 2005 a été de 6 l seulement, contre 10 l en Slovaquie, 16 l dans la République tchèque, 17 l en Roumanie et 28 l en Hongrie. Des experts estiment qu'il s'agit là d'un témoignage de la non-saturation du marché russe du vin qui a de bonnes perspectives d'expansion prolongée et soutenue.
Cela dit, la production de vins dits calmes (ventes au détail, hors restauration publique) a reculé en Russie de 18% l'an dernier. Autrement dit, l'accroissement de la consommation a été entièrement couvert par les importations. Selon cette même agence Business et Analyses, la Russie a, en général, augmenté ses importations de 30%. Pays par pays, les importations russes ont progressé de 76% en provenance de Bulgarie, de 54% de France, de 87% d'Argentine, de 62% d'Italie et de 76% du Chili.
Outre la Moldavie qui, en 2005, couvrait à elle seule jusqu'à 50% des importations russes de vin, les dix premiers pays fournisseurs étaient l'an dernier la Bulgarie (16,6%), la Géorgie (8,9%), la France (5,8%), l'Espagne (3,5%), l'Ukraine (2,8%), l'Argentine (2,3%), l'Allemagne (2,2%), l'Italie et le Chili (1,8% chacun).
Quant aux crus russes, leur part dans les ventes dans les grandes villes du pays a légèrement dépassé le seuil des 40%.
L'interdit frappant les importations de vins moldaves et géorgiens est expliqué par les autorités sanitaires russes par la découverte dans certains échantillons de pesticides et d'autres substances nocives.
( source Tentchev Consulting)