'est une procédure qui avait débuté au mois de septembre. Suite à la sécheresse de cet été, le syndicat de défense du vin AOC Cahors a déposé un dossier auprès de la Direction Départementale des Territoires (DDT) pour demander un dégrèvement de la taxe foncière non bâtie (TFNB), comme le prévoit la loi. « Selon le Code rural, en cas d'aléa climatique reconnu, le dégrèvement est calculé de la façon suivante : le pourcentage de pertes de récolte est égal au pourcentage de dégrèvement », expose Lucien Dimani, président de l'Organisme de Défense et de Gestion (ODG) qui a mené les échanges avec la direction générale des finances publiques (DGFIP) du Lot.
Le 1er décembre, la DGFIP du département a enfin validé le dégrèvement. « Les communes de la vallée ont obtenu 35 % de dégrèvement et celles du plateau 55 % », annonce le président qui considère que le compte n'y est quand même pas. « Cela fait plusieurs années que je demande un autre type de calcul, plus en accord avec la réalité économique. A Cahors comme dans beaucoup d’autres vignobles, la plus-value dégagée de la vente de vin est trop faible pour payer les impôts en cas d'aléa climatique, surtout en cas d’aléas cumulés. Et il faudrait aussi rajouter un coefficient multiplicateur en cas d'aléas répétés. Si cela arrive deux années sur cinq, il faudrait appliquer un coefficient trois car la trésorerie n'a pas été rétablie. Ainsi celui qui perd 30 % de sa récolte doit obtenir quasiment 100 % de dégrèvement. On doit constamment s’adapter aux changements climatiques, il faut que la législation fasse de même. »
C'est la troisième année consécutive que la DDT reconnaît un aléa climatique justifiant un dégrèvement dans le Lot. Cette année, le président de l'ODG Cahors estime que le rendement moyen est de 30-35 hectolitres/hectare pour l'AOP Cahors (contre 55 hl/ha autorisés) et 30 à 45 hl/ha pour les IGP Côtes du Lot (contre 120 hl/ha autorisés). Les chiffres exacts ne seront connus qu'en janvier prochain.
La démarche du syndicat permet à tous les vignerons du Lot de bénéficier du dégrèvement collectif « sans avoir à faire de demande individuelle », tente de positiver le président de l'ODG. « C'est en tout 200 000 euros que les vignerons n'auront pas à payer », précise Lucien Dimani avant de rappeler la situation dans le Lot. « 100% des vignerons sont en difficulté économique sur le plan comptable. » Si les vignerons ont déjà payé leur impôt, ils seront remboursés du dégrèvement. Tandis que ceux qui ne l'avaient pas encore fait, recevront un nouveau courrier indiquant le montant de la taxe recalculée.
« C'est important, ça donne une petite bouffée d'air au niveau de la trésorerie. Aujourd'hui, on a besoin de chaque denier, toute forme d'aide est bonne à prendre, estime de son côté Guillaume Bessières. Le propriétaire du domaine Péjusclat (Bio, 12,5 ha de vignes) avait obtenu un dégrèvement de 800 euros en 2023 et 2024. Cette année, le rabais est également bienvenu. Comme une grande partie des vignerons lotois, Guillaume Bessières a été victime des fortes chaleurs du mois d'août, mais pas uniquement. « En juin, il y a eu beaucoup de pluie. Le mildiou a abîmé la récolte des chardonnay et des merlot. Puis, au 1er juillet, j'ai eu un orage de grêle. Sur 11 ha touchés, trois ont été impactés à hauteur de 80 %. Puis, en août, à cause du soleil, une partie du raisin a brûlé. Et enfin, en septembre, il y a eu une attaque de sangliers et de chevreuils. Ils ont mangé plus de trois tonnes de raisins ». Cette année, Guillaume Bessières réalise 30 à 35 hecto/ha de moyenne sur les parcelles destinées à l'AOC (10,5 ha). Pour le vigneron, le dégrèvement est perçu comme « un message » important : « C'est une façon de dire qu'ils reconnaissent qu'on traverse une période trouble ».

Sur le terrain, « ça donne une petite bouffée d'air au niveau de la trésorerie » salue Guillaume Bessières. Photo : Domaine Péjusclat.




