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Le suicide d’un vigneron bouleverse Bordeaux : "à quand le prochain ? Nous ne voulons pas des discours, mais des actes."
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Deuil
Le suicide d’un vigneron bouleverse Bordeaux : "à quand le prochain ? Nous ne voulons pas des discours, mais des actes."

Choc dans le vignoble girondin : l’un de ses jeunes vient de se donner la mort. Apprécié et reconnu pour son engagement collectif, Jonathan Mayer laisse sans voix la famille vigneronne qui veut mettre un terme à la tragédie de la crise.
Par Alexandre Abellan Le 23 septembre 2025
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Le suicide d’un vigneron bouleverse Bordeaux :
Choc dans la famille des vins bordelais en cette période de vendanges. - crédit photo : Adobe Stock (Olivier Klencklen)
C

’est un drame comme personne ne veut plus en voir. Ce 23 septembre, le vigneron bordelais Jonathan Mayer s’est donné la mort. Âgé de 37 ans, il était depuis 2018 à la tête du château Servian qu’il a converti en bio en 2019 (à Saint-Hilaire-du-Bois dans l’Entre-deux-Mers). Faisant écho à de trop nombreuses tragédies frappant le vignoble bordelais en crise, ce suicide choque toute une filière : « jamais on n’aurait pensé ça » témoigne une syndicaliste girondine, pointant que « ce n’est pas un numéro parmi tant d’autres : il était connu par toutes les instances ».

Adhérent de la Coordination Rurale de Gironde (CR33), Jonathan Mayer était élu ce début 2025 à la Chambre d’Agriculture de Gironde (CA33). Participant aux réunions de la cellule de crise viticole de la préfecture de Gironde, il portait des projets de refonte du vignoble bordelais pour retrouver rentabilité et prospérité après des années de difficulté. Entré au conseil d’administration des AOC Bordeaux et Bordeaux Supérieur, Jonathan Mayer était candidat au poste de trésorier dans le bureau proposé par Michel-Éric Jacquin, le nouveau président de l’Organisme de Défense de Gestion (ODG). Ayant participé au conseil d’administration du 15 septembre dernier (qui n’a pas abouti à un bureau, faute de majorité), Jonathan Mayer n’a pas laissé paraître de difficultés professionnelles ou personnelles. Sous le choc, Michel-Éric Jacquin exprime son soutien à la famille endeuillée, mais reste aujourd’hui sans mots.

Jeune dévoué, motivé et actif

De nombreux autres vignerons bordelais, camarades élus ou voisins de vignobles, restent sans voix face à cette disparition brutale. « C’est un drame supplémentaire qui touche un jeune dévoué, motivé et actif » soupire un vigneron de l’Entre-deux-Mers. « Il faisait partie de ceux qui veulent apporter un renouveau. C’était quelqu’un de profondément gentil, avec beaucoup de mesure et de hauteur » complète une vigneronne bordelaise. « C’était quelqu’un de très discret, qui voulait faire bouger les choses. Je suis atterré : rien ne l’indiquait. Si ça continue comme ça, ce ne sera pas dernier : il va y avoir des drames. Il faut arrêter le métier avant de se tuer » affirme un vigneron bordelais, rappelant le choc qu’avait causé le printemps dernier le suicide à Castillon du vigneron Christophe Blanc (59 ans).

« Ce n’est pas le premier et on craint que ce ne soit pas le dernier » s’inquiète Jean-Paul Ayres, le porte-parole de la CR33, témoignant que « pour nous, c’est une grande perte et une catastrophe pour le monde agricole et viticole en Gironde ». Saluant la mémoire de Jonathan Mayer, « quelqu’un de très discret, très intelligent et très sympathique », le vigneron de l’Entre-deux-Mers veut laisser passer le temps du deuil, mais pas laisser tomber le voile de l’oubli : « il faudra réunir une cellule de tous les acteurs de la filière pour empêcher de nouveaux drames ».

La colère grandit, la détresse aussi

« Une question nous hante désormais : à quand le prochain ? » alerte Didier Cousiney, le porte-parole du collectif Viti 33, dans une lettre aux élus et institutions de Gironde. Face à la crise économique et « malgré toutes les promesses et les belles paroles, nous sommes aujourd'hui dans une situation qui devient irréversible » indique Didier Cousiney, rapportant « l'angoisse de ceux qui voient leur vie basculer, leur métier et leur exploitation disparaître, leur dignité piétinée », pour demander non « pas des discours, mais des actes ».

« Ce drame fait douloureusement écho à la souffrance que traverse aujourd’hui toute une profession viticole confrontée à une crise sans précédent » indique dans un communiqué Jean-Samuel Eynard,, le président de la CA33, pour qui ce suicide « nous rappelle l’urgence d’être à l’écoute de celles et ceux qui composent le vignoble bordelais ». Le vigneron de Bourg précise à Vitisphere que les outils collectifs de prévention des suicides sont insuffisants face à « cette situation économique qui ne se règle pas. Toutes les attentes que nous portons aux pouvoirs publics prennent des mois et des années à avancer. Cette absence de perspective maintient un climat anxiogène d’incertitude économique et de précarité de la viticulture girondine » explique Jean-Samuel Eynard, rappelant qu’un suicide n’est jamais monofactoriel. La gendarmerie de Langon précise qu’une enquête est ouverte et qu’aucun élément ne peut être communiqué.

Tags : Bordeaux
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Tous les commentaires (4)
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Renaud Le 23 septembre 2025 à 18:32:36
L'argument du multifactoriel n'est qu'un argument pour se déresponsabiliser. À 37 ans, en ayant suivi la demande de la société en passant en Bio. Alors que la demande n'y etait pas. En plus du drame humain, familial c'est une drame social. Nous sommes tous responsables de n'a pas avoir réussi à sortir la profession de l'ornière. Mais en plus honte à ceux qui ont empêché de protéger les coûts de production aux producteurs. Honte aux prédateurs profiteurs de désarroi pour être le moins disant dans un rayon Quand apprendrons nous de nos lenteurs ? Toute mon affection aux siens.
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augustin Le 23 septembre 2025 à 17:54:25
Ceux qui ne savent pas ce que veut dire une lj pour une scea et ils sont nombreux , continuent à ignorer le drame qu une telle decision judiciaire implique pour l associé : licenciement sec le plus souvent et surtout mise en cause sur actifs et revenus persos. Ruine assurée , migration rapide vers le statut de sdf . La députée du medoc à posé la question au gouvernement et le ps à un projet de loi dans les cartons pour éviter ce que l on peut assimiler à une action en comblement de passif , cette fois au civil. Espérons que le législateur interviendra avant le prochain suicide.
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dann380 Le 23 septembre 2025 à 17:21:06
C'est un drame surtout pour la nature et les consommateurs il avait tout compris en passant au bio Les espèces actuelles sont sujettes aux maladies et qui orchestre tout ça ? Qui est le gagnant d'avoir fait arracher les espèces locales rustiques et sans traitement comme le noa qui rendait fou et actuellement le cocktail chimique de traitements il ne rend pas fou il tue !!! Jonathan repose en paix mais ce que tu as fait ne sera pas inutile mais c'est l'incompréhension de tous qu'il l'a tué il faudra que ça change mais contre les lobbys il aurait été plus utile vivant que mort Mes condoléances à sa famille et je suis sincère
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Vma Le 23 septembre 2025 à 16:42:16
Et oui, le monde paysan local est à l'agonie faute des promesses tenues... Nous devons si nombreux à ne plus pouvoir que survivre ! Encore un drame, un de plus, qui ne fera que quelques heures les titres de la presse nationale et qui à nous, nous brise encore un peu plus ... C'est quoi l'Entre-deux-Mers face à la tourmente mondiale ? C'était un petit pays essentiellement tourner vers la viticulture qui accueillait, qui vibrait, un véritable art de vivre à la campagne qui faisait tourner l'économie, agrémentait la vie sociale et culturelle ! Et maintenant ? Un tas de terres à l'abandon, un paysage détruit, un avenir endetté,.... Triste réalité.... Combien fermeront la porte de la propriété et/ou les yeux d'ici la fin de 2025 ?
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