ratiques pour épamprer ou pour éliminer les herbes lorsqu’elles sont trop hautes ou que le sol est trop humide pour passer l’intercep, les épampreuses mécaniques et autres brosses sont toutefois suspectées de propager le mildiou. Herbanet, Multiclean de Clémens, Biosystem Aedes, ces matériels qui ont le vent en poupe produisent des projections susceptibles d’être infectés par le mildiou et d’atteindre le feuillage.
De quoi augmenter les risques ? Christophe Gaviglio, ingénieur d’expérimentation à l’IFV Occitanie, est formel : « Nous ne possédons pas de données indiquant que les brosses et épampreuses mécaniques favorisent le mildiou ». Pour autant, il n’écarte pas le sujet. « Si on a peur des projections, il faut prendre en compte le risque mildiou pour savoir si on peut intervenir ou pas, tranche-t-il. En période de beau temps, sec, avec peu de risque mildiou, il n’y a pas de sujet. En cas de risque mildiou, il faut alors se poser les bonnes questions avant de passer une brosse : le cuivre que j’ai apporté est-il lessivé ? Suis-je encore en période de rémanence du produit que j’ai utilisé ? Si ce n’est pas le cas, on commence par traiter le mildiou. »
David Perrier, conseiller viticole à la chambre d’agriculture de Gironde, reconnaît n’avoir pas observé d’attaques plus importantes dans des parcelles désherbées avec des brosses ou épamprées mécaniquement. Toutefois, il ne manque jamais de conseiller la prudence à ses clients. « Lorsqu’on est à découvert, on prend des risques. Donc avant tout, il faut que les vignes soient protégées. Il faut aussi éviter d’intervenir par temps humide ou sous la pluie. La contamination du mildiou se fait en présence d’eau libre, donc il ne faut pas risquer de projeter des spores de mildiou sous la pluie, qui pourraient entrer en contact avec le végétal. »
Alors pour une meilleure sécurité, il rappelle que « l’idéal est d’épamprer en début de saison, avant l’apparition des premières taches de mildiou. Aujourd’hui, nous sommes le 7 mai, on commence à trouver des taches. Ceux qui ont déjà épampré ont considérablement limité les risques. »
Pierre Forgeron, conseiller viticole indépendant à Segonzac, en Charente, suspecte des risques supplémentaires lorsque les outils raclent le sol. « Cette année, il y a une éclosion d’Herbanet dans la région, surtout chez les bios. Ce type de brosses est avantageux car on nettoie sous le rang en même temps qu’on épampre. Mais selon moi, en grattant le sol, on augmente le risque mildiou dû aux projections, par rapport à des épampreuses ou tondeuses qui ne sont pas en contact avec le sol. » D’où l’importance de prendre quelques précautions, à commencer par régler ces outils de façon à limiter leurs projections.
Jean-Luc Buffeteau, gérant des Vignobles Buffeteau, 26 ha à Gornac, en Gironde explique « J’ai un Herbanet depuis deux ans que les printemps sont particulièrement pluvieux. Je l’utilise en mars pour dompter l’herbe avant épamprage, puis lors de deux épamprages. Je ne sais pas si cet outil favorise ou pas le mildiou, mais je prends des précautions. J’attends que le sol soit ressuyé après la pluie, car les brosses sont puissantes et ramassent l’eau restant au sol. Et si des spores se baladent dans les gouttelettes qu’on projette, il peut y avoir un risque supplémentaire d’attaque de mildiou. » « Je veille aussi à ne pas blesser les raisins. J’essaie de passer avant qu’ils soient au stade petits pois et qu’ils pendent, car sinon, les fils de la brosse peuvent toucher le bas de la grappe. Pour ne pas soulever trop de terre, je travaille entre 4 et 5 cm au-dessus du sol. Et à partir de juillet, je passe à l’intercep. Car l’Herbanet projette sur les raisins comme une petite grêle de terre. »