our ouvrir des pistes de réflexion sur les relations entre les propriétaires et les vignerons, le Groupe des Jeunes viticulteurs (GDJ) de Champagne propose trois nouveaux types de baux, plutôt innovants. « L’objectif est de favoriser l’installation », précise Marie-Pierre Charpentier, présidente du Groupe des jeunes. « Le premier est le Bail Écologique Incitatif, également nommé "Bail Environnemental" » indique Benjamin Muller, vice-président du GDJ pour la Marne lors de l’assemblée générale du GDJ le 4 avril dernier, expliquant que « ce bail repose sur une modulation des loyers en fonction des investissements réalisés en faveur de l'environnement, entraînant une réduction des charges locatives pour le jeune vigneron ».
Le propriétaire contribue financièrement aux investissements nécessaires à la transition écologique, comme la conversion vers des pratiques durables ou encore l'introduction de cépages résistants. Pour le Groupe Des Jeunes, ce système présente l’avantage de sécuriser le jeune vigneron en l'encourageant à adopter des pratiques durables, tout en permettant au propriétaire de valoriser son patrimoine. Le Groupe Des Jeunes souligne que ce bail devra s’appuyer sur une évaluation rigoureuse des efforts environnementaux effectués.


Le deuxième modèle est le Bail "Champagne Partenaire", un modèle participatif et collaboratif. « Ce bail est inspiré du modèle des plateformes participatives » commente Marie-Pierre Charpentier. Il repose sur le partage équitable des bénéfices et sur une gestion collaborative des risques et des performances économiques. Il est assorti des clauses évolutives directement indexées sur les résultats réels de l'exploitation tels que le développement des ventes ou encore les performances à l'exportation. « Ce bail irait au-delà du métayage sur le partage » décrit Benjamin Muller, expliquant qu’« il permettrait au propriétaire de devenir comme un actionnaire de l’exploitation, avec une vue sur les comptes et une présence à l’AG de l’entreprise ».
Un propriétaire aguerri, type investisseur local ou membre de la famille, pourrait s’impliquer sur l’exploitation de façon financière via le partage des charges fixes dans le développement de projets (lancement d’une marque, développement à l’export, investissement sur le vignoble) mais aussi de façon intellectuelle via une aide à la gestion d’entreprise. « Cela implique une actualisation régulière des engagements stratégiques communs », poursuit Benjamin Muller, pour qui « ce modèle offre aux jeunes vignerons une réduction significative des frais fixes, un partage équilibré des risques économiques et un soutien direct aux projets innovants. Pour les propriétaires, ce modèle garantit une rentabilité potentiellement accrue, mais surtout une implication active pour développer une exploitation pérenne et la possibilité d'appuyer activement des projets novateurs. Le principal risque réside dans la possibilité de conflits liés à l’évaluation ou au partage des résultats ».
Bail Progressif à Paliers
Enfin, le troisième modèle proposé est le "Bail Progressif à Paliers". « Ce type de bail existe déjà dans les baux commerciaux »», précise Marie-Pierre Charpentier. Il repose sur une progressivité des fermages en plusieurs étapes, débutant à 60 % puis évoluant vers 80 % pour atteindre par exemple 120 % du prix du marché au bout de sept ans. Le propriétaire aura un retour sur investissement durant les années suivantes du bail. Il inclut également une clause dite de respiration permettant une flexibilité économique en cas de difficultés temporaires. « Ce modèle apporte une sécurisation économique forte au jeune vigneron au moment crucial de son installation, tout en lui offrant une visibilité à long terme », souligne Benjamin Muller, reconnaissant que « ce système peut rencontrer initialement une résistance auprès des propriétaires peu habitués à cette approche progressive, et nécessite un suivi précis et régulier afin d'ajuster efficacement les paliers selon les réalités économiques rencontrées ».
Le Groupe Des Jeunes va affiner ces différentes préconisations et va prochainement rencontrer les organismes concernés pour faire avancer ce dossier.