ans l’ouest de l’Hérault, Puisserguier est un de ces villages viticoles typiques du Languedoc, à l’entrée duquel trône un Netto, enseigne discount du groupe Intermarché, « où tous nos collègues viticulteurs vont régulièrement faire leur course, vous comprenez bien qu’ils apprécient moyennement d’y retrouver du vin espagnol », explique le secrétaire général de la Coordination Rurale de l’Hérault Arnaud Poitrine.
C’est donc dans ce point de vente que la Coordination Rurale de l’Hérault a mené une action lundi 12 mai, y interpellant le directeur du magasin pour dénoncer « la provocation de proposer ça dans ce lieu au cœur de la production régionale, tout autant que les prix pratiqués, à 1€ le litre en BIB (10,69€/10 litres, ndlr), avec lequel même les producteurs espagnols ne peuvent pas vivre ! », reprend Arnaud Poitrine. Alors que le directeur de l’établissement leur aurait indiqué ne pas être conscient que cette offre puisse choquer, il s’est engagé à retirer ces vins espagnols de ses rayons.


« Il a expliqué qu’il n’avait pas le choix et qu’il était tenu de référencer ce vin par sa centrale d’achats, car ces vins d’entrées de gamme intéressent leur clientèle », enchaîne Arnaud Poitrine, « sauf qu’en plus ces Bib ont un nom à consonnance française et sont rangés sans distinction au milieu de l’offre de vins français ». Les membres de la CR 34 ont donc procédé eux-mêmes à l’évacuation de ces Bibs en remplissant des chariots en compagnie du directeur du magasin. Ce dernier se serait même engagé à retirer définitivement ces références de son offre, à ses frais compte tenu des engagements vis-à-vis de la centrale d’achat.
« On se rend compte que le secteur de la distribution est très mal informé des enjeux, et est ouvert à la collaboration. Si les viticulteurs font la même chose dans chaque magasin à l’échelle nationale, les centrales n’obligeraient plus les points de vente à distribuer ces références, car on ne peut plus laisser passer ça », repose Arnaud Poitrine.
La Coordination Rurale de l’Hérault explique également avoir réalisé cette action suite au suicide d’un collègue le weekend en Gironde et affirme « qu’il y a déjà eu 6 suicides d’agriculteurs dans l’Hérault depuis début 2025 », place Arnaud Poitrine. La MSA Languedoc réfute ce chiffre et précise que ce sont 2 suicides d'agriculteurs qui sont à déplorer depuis le début de l'année dans l'Hérault, et 5 pour l’ensemble du secteur de la MSA Languedoc, soit Gard, Lozère et Hérault.
De même, la CR 34 explique que la FDSEA 34 « a voulu nous couper l’herbe sous le pied en passant dans ce magasin quelques jours avant nous, mais il n’ont fait que discuter dans le rayon et n’ont rien fait ! », dit Arnaud Poitrine. Là encore, le membre du bureau de la FDSEA 34 Jean-Pascal Pelagatti tient à recadrer : « oui, nous sommes passés deux jours avant, mais sans en parler à la presse, alertés par des membres de la CR 34 qui nous disaient que leur syndicat ne faisait rien ! Nous avons expliqué au chef de rayon qu’il doit absolument séparer ces vins étrangers des vins français, mais nous nous sommes surtout rapprochés des responsables d’approvisionnements régionaux et nationaux, les décideurs, pour cesser cette offre de vins étrangers. Nous sommes d’ailleurs persuadés que des producteurs français sont en mesure de proposer des vins d’entrée de gamme à prix compétitifs tout en restant rentables. Le rendez-vous est pris ».