ordeaux reprend décidément sa communication en main pour ses primeurs 2024. Après avoir défendu précocement la qualité de ce millésime de combat, ses grands crus communiquent de manière inédite sur leurs sorties en primeur. En indiquant leurs baisses de prix, ce qui, de mémoire de journaliste, est inédit. C’est le cas du château Branaire-Ducru (quatrième grand cru classé en 1855 de Saint-Julien) qui joue cartes sur table pour l’annonce de la mise en vente de son millésime 2024 ce 24 avril : « dans un contexte économique et géopolitique incertain, et afin de continuer à construire une distribution éclatée à travers le monde avec ses partenaires négociants, la propriété a fait le choix de baisser son prix de sortie de 20,37 % par rapport à l’année dernière. Une décision responsable et engagée, permettant aux distributeurs du monde entier de proposer Branaire-Ducru 2024 à un prix très attractif. »
D’après les outils de la plate-forme anglaise Liv-Ex, la bouteille du château Branaire-Ducru affiche 26,5 € en prix de sortie du négoce, soit une baisse de 17,6 % par rapport au millésime 2023. « Le plus bas prix depuis 2013 » note Liv-Ex, pour qui « cette sortie en fait le millésime le moins cher disponible sur le marché mis à part le 2021 (30 €) ». Un pari gagnant d’après les premiers retours recueillis par l’agence Wine Lister, qui rapporte à Vitisphere que les distributeurs britanniques consultés « insistent unanimement que les prix du millésime 2024 doivent être plus bas que les prix du marché de tous les millésimes récents - jusqu'à présent, les sorties ont été reçues sur le marché plus ou moins favorablement lorsqu'elles ont correspondu à ce critère. Ce matin, le château Branaire-Ducru a donné un excellent exemple en faisant exactement cela. »
Être ou ne pas être dans le marché
Dirigeant le château Branaire-Ducru, François-Xavier Maroteaux montre une voie possible, qui peut être collective dans le Médoc et au-delà comme il est le président de l’AOC Saint-Julien et de l’Union des Grands Crus de Bordeaux (UGCB). Lancée précocement, dès les premiers jours suivant la semaine de dégustation des primeurs (14-17 avril), la campagne des primeurs est pour l’instant mitigée. Comme le rapport Liv-Ex, le château Batailley (grand cru classé en 1855 de Pauillac) est sorti à 29 € (soit -7 %) un « prix juste au-dessus du millésime 2021 et de plus généreuses récoltes comme 2019 et 2020. Ce prix pourrait ne pas enflammer la campagne » analyse poliment Liv-Ex. Qualifiant aussi le château Belair-Monange (premier grand cru classé de Saint-Émilion) sorti à 117,6 €/bouteille (-10 %) d’être « l’un des millésimes les plus chers du marché », la plateforme britannique est réservée concernant le château Pontet-Canet (grand cru classé en 1855 de Pauillac) sorti à 60 € (-10 %), « si Pontet-Canet a réduit ses prix de manière conséquente, la faible performance commerciale des millésimes récents font de 2024 l’un des millésimes les plus chers du marché ».


Couplée aux notes des critiques qui sont actuellement publiées (toutes ne sont pas sorties, la place de Bordeaux ayant notamment demandé des publications après la semaine de dégustation), la comparaison des prix de sortie en 2024 aux tarifs disponibles semble être la clé pour ne pas louper les primeurs comme pour le millésime 2023. « L'année dernière, les châteaux ont baissé leurs prix de 22,5 % en moyenne. Si cela a constitué un argument marketing intéressant, ces baisses ont été globalement insuffisantes : des millésimes prêts à boire, mieux notés, restaient disponibles sur le marché » rappelle Sophia Gilmour, experte pour Liv-ex dans le rapport de pré-primeur de la plateforme, notant que « pour des collectionneurs de plus en plus avertis, les 2023 étaient difficiles à vendre, malgré leur prix inférieur à celui des 2022. De plus, avec la baisse de la demande, les Bordeaux disponibles en physique ne manquent pas : les acheteurs pourront très certainement se les procurer ultérieurement, et surtout, à des prix plus bas. »