’abord en salle, puis dans les vignes, ce jeudi 11 juillet, ils étaient une quinzaine de vignerons à participer à une formation complète, concrète et pratique sur le réglage des tracteurs et des outils de travail du sol au lycée agricole de Montreuil-Bellay (49).
« Les réglages sur vos tracteurs sont tout aussi importants que ceux effectués sur vos outils », rappelle Gérard Besnier, chargé de mission agriculture de précision à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, et animateur de la journée. « Pour un bon ratio puissance/charge sur les essieux, on compte environ 45-50 kg/ch. » Et d’ajouter au passage que l’utilisation de tracteurs de 90 ou 100 ch n’est pas l’option la plus économe pour un travail du sol de surface. Mais c’est un autre sujet…
« Il faut être prudent concernant le lestage avec des masses avant, poursuit l’expert. Si l’on surestime cette charge, on alourdit le tracteur, on compacte les sols et l’on augmente la consommation en GNR, ce qui peut vite faire grimper la facture ! »
C’est ici qu’entre en jeu la répartition de la charge : « Comment l’établir ? », demande l’expert, avant de répondre : « Avec un pont à bascule ou un pèse-véhicule et le tableau de pression de gonflage de vos pneus ! »
L’un des participants admet : « Il est vrai que nous ne réglons pas la pression des pneus ainsi, tout simplement parce que nous ne sommes pas équipés d’outils de pesée. Nos gonflages sont donc approximatifs. » Sa réflexion tombe à pic. Il est temps de se lever de sa chaise et d’effectuer ces réglages grandeur nature.
Les participants se retrouvent sous le hangar, face à un Fendt 208 Vario portant un cadre équipé de deux lames bineuses Clemens Radius SL et deux disques ouvreurs crénelés. À première vue, l’ensemble semble bien réglé. Les tests et mesures que les participants vont effectuer le confirmeront-ils ? Pas à 100 %.
« Si vous avez lesté votre tracteur de manière optimale, il reste à vérifier la répartition des charges, puis à régler la pression de vos pneus en fonction de leur charge [du poids qu’ils supportent, NDLR]. Pour un tracteur 4 roues motrices comme celui-ci, c’est 35-40 % du poids à l’avant et 60-65 % à l’arrière, explique l’expert. Il faut peser chaque essieu ou chaque roue de votre tracteur, avec ses outils, puis se référer au tableau de correspondances du fabricant de pneus pour connaître leur pression optimale, selon leur charge, à la vitesse de référence de 10 km/h. »
Le chauffeur désigné parmi les présents avance alors le tracteur sur le pèse-véhicule mobile du formateur. D’abord la roue avant, puis l’arrière : 614 kg pour la première, 870 kg pour la seconde, outil posé au sol. Premier bon point : les charges sont plutôt bien réparties ! Deuxième bon point : une rapide vérification sur le tableau du fabricant de pneus montre que ces derniers sont gonflés à une pression correspondant à leur charge.
C'est au tour du matériel attelé d’être inspecté. Première vérification : la symétrie de l’outil. Bien à plat sur la plateforme, le groupe s’assure qu’il est centré par rapport au tracteur, que les lames et les disques sont disposés symétriquement et que le cadre est bien de niveau. Gérard Besnier rappelle l’importance de laisser le minimum de jeu au niveau des bras de relevage pour éviter le balancement de l’outil.
Mathilde Magne, vigneronne du domaine Terres d’Imaginaire (49), empoigne un mètre et vérifie la hauteur des disques crénelés par rapport au sol. Et bien lui en a pris puisqu’elle décèle un centimètre d’écart, invisible à l’Å“il nu, entre le disque de gauche et celui de droite qui aurait immanquablement amené à un déséquilibre dans la profondeur de travail. S’ensuit le réglage des roues de jauge, toutes deux descendues de 6 cm pour être à même hauteur que les lames.
Puis un petit tour d’inspection des interceps permet de vérifier que les pignons de fixation des lames sont en état et qu’elles sont bien horizontales. En revanche, il apparaît que les palpeurs sont un peu tordus. « On ne croirait pas comme ça, mais si ce bout de métal est un tant soit peu biscornu, cela peut avoir un réel impact sur le retour des lames et donc la qualité du désherbage », explique Gérard Besnier. Une fois tous les branchements hydrauliques vérifiés, l’équipe se retrouve dans une parcelle pour achever les réglages.
Face au rang, un rappel du formateur : « Premier réglage en parcelle : le parallélisme de l’outil par rapport au sol grâce au 3e point ! » Le tractoriste désigné rentre dans le rang à 1 400 tr/min et à 4 km/h. Aussitôt, le groupe se rend compte que les pieds de vigne ne sont pas assez bien nettoyés car les lames ne s’en approchent pas assez. Le chauffeur réajuste leur écartement et augmente son débit hydraulique de 10 à 15 l/min pour un retour de lame plus rapide. Le formateur recule un peu les palpeurs pour qu’ils s’effacent moins rapidement devant les ceps. Et le groupe constate une amélioration du désherbage.
Mais il ne suffit pas de régler précisément un outil, encore faut-il que l’itinéraire technique soit cohérent. Ici, ce n’est pas le cas selon Gérard Besnier qui remarque que le sol est trop compact faute d’avoir été suffisamment butté avant le passage de la lame. « Si l’on veut effectuer un passage de lames qualitatif, cela demande au préalable un buttage correct pour que les lames ne rencontrent pas de zones de terre dure et compactée », indique-t-il tout en grattant avec une bêche un secteur qui confirme ses dires.
Lorsque le tracteur prend le deuxième rang, l’équipe se rend compte que la lame gauche sarcle un peu plus superficiellement que la lame droite. Un dernier réglage des roues de jauge pallie ce problème. Le tracteur continue alors son chemin, désherbant le rang aussi bien que possible compte tenu de la dureté du sol.
Régisseur du domaine Clau de Nell, à Tuffalun (49), Sylvain Potin quitte cette journée avec une résolution. « Je me dis qu’il serait très pratique de faire ces pesées aux roues, une fois pour toutes et pour chacun de nos outils, afin d’établir un tableau avec la pression des pneus et s’y référer à chaque utilisation. Je pense que je vais faire ce fameux tableau ! ». « J’ai appris sur les réglages et quels étaient les points de vigilance. Cela m’a donné des idées d’itinéraires techniques tout en prenant en compte la consommation à l’hectare », raconte Mathilde Magne, à la tête du domaine Terres d’Imaginaire, à Rochefort-sur-Loire (49). « Même avec des machines aux réglages d’apparence “simples”, on s’aperçoit qu’il y a toujours des choses à revoir, plaide Gérard Besnier, le formateur. Parfois, certains pensent, à tort, qu’ils ont fait le tour de leur outil. Mais les outils pour travailler le cavaillon sont en fait très subtils à régler ! »