rois outils sinon rien. Konrad Pixner dispose d'un broyeur Ferrand, d'un rouleau Roll’n’Sem et d'un cover-crop pour détruire ses couverts. Ainsi armé, ce vigneron d’Arboras, dans l'appellation Terrasses du Larzac, affine son expertise au gré des saisons. Ce 13 mars, le Civam bio de l'Hérault a donné rendez-vous chez lui à ses adhérents pour constater le travail de ces machines.
La démo a lieu sur une parcelle de mourvèdre plantée à 2,5 m. « J’ai mis deux couverts : 100 % de féverolle semée en ligne sur un rang et un mélange de vesce, avoine, seigle forestier, moutarde blanche et trèfle semé à la volée sur le rang suivant. Tous les interrangs sont donc couverts. La parcelle est plutôt vigoureuse. Le couvert est encore bas. C'est un peu tôt pour le détruire car, plus il est haut, mieux ça marche », explique Konrad.
Pour sa part, Morgane Maitrejean, animatrice technique au Civam, observe que « les céréales n’ont pas levé dans le mélange et la féverole n’est pas homogène. La biomasse n’est pas très importante bien que généreuse en cette année difficile ». Des conditions suffisantes pour la démo.
Le broyeur Ferrand entre en scène (photo V. Gobert)
Le broyeur à marteaux Ferrand démarre. Après son passage, la féverole est rétamée. Dans le mélange d’espèces, les choses sont plus compliquées car le râteau du broyeur bourre. À la fin, « dans les deux cas, le couvert est déchiqueté mais il n'y a pas de réel mulch, commente Morgane Maitrejean. En revanche, le chevelu racinaire du couvert est conservé, ce qui favorisera l’infiltration des pluies printanières. Les sarments sont broyés également. Mais le couvert n’est pas complètement détruit. S'il repousse, il remobilisera des nutriments et de l’eau ».
Au tour du Roll’n’Sem, une machine constituée d'un alignement de petits rouleaux indépendants hérissés de lames pour suivre le sol, casser et enfoncer la végétation dans la terre. Mais, ce 13 mars, il faut un aller et un retour pour détruire la féverolle. Pareil pour le mélange d’espèces. Et, au bout du compte, la vesce est plaquée au sol, mais pas détruite. « La féverole est mieux écrasée que sur la vesce car elle est plus cassante, partage Morgane Maitrejean. À noter qu’il est souvent compliqué de rouler des mélanges avec de la vesce. »
Le Roll’n’Sem en action (Photo V. Gobert)
Comme le broyeur, le Roll’n’Sem préserve le chevelu racinaire. Et à la différence du broyeur, il crée un mulch, mais imparfait. « Le couvert n’est pas complètement détruit et peut donc repousser. Pour réussir un mulch qui conserve l'humidité du sol, il faut que le couvert soit dense et que le sol soit humide au moment du roulage. »
Un participant suggère qu'« il pourrait être intéressant de monter le Roll'n'Sem à l’avant du tracteur pour ajouter de la force de pénétration en l’utilisant en poussée ». L'expérience ne sera pas tentée.
Pour finir, les disques. Konrad Pixner a acheté une petit déchaumeur d'occasion sur Leboncoin. Les disques sont montés en X. Ce cover-crop est réglé pour travailler à 7 cm de profondeur. « 5 suffiraient », précise la technicienne. Au travail, l'outil dérive légèrement et préserve un petit couloir central d’une vingtaine de centimètre. Quelques féveroles se tiennent encore bien droites après le passage des disques. Les autres sont coupées en gros bouts, en partie enfouis. Une dent centrale empêcherait la dérive et permettrait de détruire tout le couvert.
Disques montés en X (photo V. Gobert)
Cet exemple mis à part, Morgane Maitrejean souligne qu'« avec un déchaumeur, le couvert est détruit et on s’assure qu’il ne concurrencera plus la vigne. Le sol est travaillé peu profondément et le passage est assez rapide. Mais le chevelu racinaire est détruit en surface. Et il n’y a pas de création de mulch ».
Trois outils pour trois résultats, et autant de cartes en main pour les vignerons. Pour sa part, Konrad Pixner ne roulera pas son mélange cette année « car, en l'absence de céréales, le resutat ne sera pas intéressant. Je vais le garder encore un peu. Puis je le disquerai. Il m’est déjà arrivé de rouler fin mai et c’était un joli travail. Mais le couvert avait pompé l’eau au détriment de la vigne ».
Morgane Maitrejean prévient : « En milieu méditerranéen, il peut être difficile d’obtenir une biomasse de couvert importante ce qui rend le roulage compliqué. Dans les essais menés par le CivamBio34 et les départements voisins, les modalités roulées sont toujours plus sèches, que les modalités témoins et les modalités broyées et enfouies. Si cet itinéraire technique n’est pas à abandonner, il faut prendre en compte son impact sur la vigne. »