menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Viticulture / Pulvérisation face par face avec buses antidérive associée à une haie permet de protéger les riverains
Pulvérisation face par face avec buses antidérive associée à une haie permet de protéger les riverains
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Résultats d'essais
Pulvérisation face par face avec buses antidérive associée à une haie permet de protéger les riverains

L’utilisation d’un pulvérisateur face par face, équipé de buses à injection d’air combiné à l’installation d’une haie en bordure d’une parcelle de vigne, permet de réduire la dérive de plus de 95 %.
Par Christelle Stef Le 17 avril 2024
article payant Article réservé aux abonnés Je m'abonne
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
Pulvérisation face par face avec buses antidérive associée à une haie permet de protéger les riverains
Dispositif expérimental mis en place pour évaluer la dérive dans le cadre du projet Capriv - crédit photo : IFV
R

ien n'est perdu. À condition de prendre les bonnes dispositions, on peut réduire très fortement la dérive, et donc la contamination des riverains, en viticulture. C'est ce qui ressort des premiers résultats du projet Capriv (Concilier application des produits phytopharmaceutiques et protection des riverains) mené par plusieurs instituts techniques, parmi lesquels l'IFV.

Les tests ont eu lieu en 2021 et 2022 sur le banc EoleDrift qui crée des conditions standardisées de végétation et de vent. Ce banc comprend une vigne artificielle et un mur de ventilateurs qui souffle un vent régulier perpendiculairement à ces rangs. Les expérimentateurs y ont fait passer plusieurs pulvérisateurs chargés d'une eau contenant un traceur fluorescent.

Un dispositif expérimental original

Pour capter et mesurer la dérive aérienne, ils ont tendu des fils à l'horizontale à 5 m du dernier rang traité, à raison d'un tous les 50 cm jusqu'à 6 m de hauteur. Pour mesurer l'exposition des riverains, ils ont disposé des mannequins revêtus de T-shirt en coton à 3, 5, 10 et 20 m du dernier rang traité.

Outre la dérive aérienne, ils ont mesuré la dérive au sol (ou sédimentaire) en installant des boîtes de Pétri à 2, 3, 5, 10 et 20 m du dernier rang traité. « Ce type de dérive est intéressant à mesurer par rapport au risque de pollution d'un cours d'eau qui se situerait à proximité », précise Adrien Vergès, ingénieur agroéquipements à l'Unité mixte technologique Ecotech (IFV-Inrae-CTIFL) de Montpellier.

Lors de leurs essais, les chercheurs ont pris deux voûtes pneumatiques classiques comme appareils de référence (Zaturn de Hardy et Hélios de Dhugues), sachant que ces configurations sont connues pour causer de la dérive. Puis ils ont passé au banc les mêmes voûtes transformées en jet porté avec des buses à injection d'air, un face par face équipé de buses à injection d'air (Calvet Eco + 2MR) et un panneau récupérateur (Koléos de Dhugues).

La dérive décroit fortement avec la distance

Les résultats ? « La dérive décroît fortement avec la distance. Mais quel que soit le matériel utilisé, on trouve du traceur jusqu'à 20 m du dernier rang traité, parfois dans des quantités infimes. Mais il faut savoir que l'on s'est placé dans les pires conditions avec un vent de 18 km/h perpendiculaire au rang », détaille Adrien Vergès.

Que l'on regarde les quantités de traceurs retrouvés sur les mannequins, sur les fils ou sur les boîtes de Pétri, les résultats confirment l'efficacité des appareils antidérive. Ainsi le face par face avec buses antidérive réduit la dérive de plus de 66 % par rapport aux voûtes pneumatiques et le panneau récupérateur avec buses antidérive l'abaisse de 90 %. « Ceci confirme la pertinence de la liste officielle des moyens de réduction de la dérive établie par le ministère de l'Agriculture », poursuit l'ingénieur.

Et pour ce qui est des voûtes en jet porté avec buses antidérive, seulement l'une des deux machines testées a réduit la dérive de 66 %. « Mais attention, pour l'heure, cette configuration n'est pas officiellement reconnue et ne figure pas sur la liste du ministère. Nous l'avons testée car elle est peu coûteuse et permet au vigneron de conserver un appareil relativement maniable », précise-t-il.

Les expérimentateurs ont également évalué l'intérêt d'une haie. Pour cela, ils ont posé un mur de 25 à 30 pots de lauriers sauce de 2 m de hauteur en bordure du banc. Puis ils sont repassés avec les voûtes classiques, les voûtes transformées en jet porté et le face par face jet porté avec buses antidérive. Et ils ont comparé la dérive produite avec et sans la haie.

L'objectif : faire évoluer la réglementation

Là encore, bonne nouvelle ! « La haie a un intérêt manifeste. À elle seule, elle permet de réduire la dérive de 75 à 80 % quelle que soit la distance du pulvérisateur. En l'absence de haie, le pulvérisateur face par face équipé de buses à injection d'air réduit la dérive de 66 % par rapport aux voûtes pneumatiques. En combinant la haie et le face par face, on réduit de plus de 95 % au total la dérive. C'est intéressant », rapporte Adrien Vergès.

L'expert espère que ces données permettront de faire évoluer la réglementation. « Aujourd'hui, on voit apparaître de plus en plus de DSPPR (distance de sécurité pour les personnes présentes et les riverains) incompressibles dans les AMM. L'idée est que grâce à nos mesures, l'Efsa et l'Anses puissent étudier la possibilité de réduire ces distances dès lors qu'on utilise un matériel adéquat ou que les parcelles sont fermées par une barrière physique », plaide Adrien Vergès.

Une mesure contre-productive

Un nombre croissant de produits phyto autorisés en vigne se voit attribuer une DSPPR (distance de sécurité pour les personnes présentes et les riverains) de 10 m incompressible, y compris les produits de biocontrôle. À terme, cette règle devrait concerner tous les produits. Une aberration pour les experts qui regrettent que la fixation des distances de sécurité ne tienne pas compte du matériel utilisé pour l’application car la dérive en dépend énormément. « Il y avait une dynamique d’investissement dans les appareils les plus vertueux. Cette réglementation est en train de la casser. Et d’après les constructeurs elle va aussi freiner l’innovation », regrette Sébastien Codis, de l’IFV. Mi-mars la Cietap (Commission interprofessionnelle d’étude des techniques d’application de produits phytosanitaires) a envoyé un courrier au ministère de l’Agriculture pour l’alerter de cette situation.

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Soyez le premier à commenter
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous

Pas encore de commentaire à cet article.
vitijob.com, emploi vigne et vin
Saône-et-Loire - CDI SAS Maison LOUIS JADOT
Vaucluse - Alternance/Apprentissage Famille Petitjean
Hérault - CDI SAS CAVE DE L'ORMARINE
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Viticulture
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé