ratiques, mais très chers ! « En fonction du nombre de rangs et de pieds par hectare, le coût d’une installation de câbles chauffants pour lutter contre le gel oscille entre 30 000 et 50 000 €/ha sans terrassement », explique Stéphane Palanchon, responsable national des ventes chez Danfoss. Vigne Protec, un autre fournisseur, avance le chiffre de 70 000 €/ha, avec armoire. Quant à Acso et son système Dynavigne, vous en aurez pour 8 € HT le mètre linéaire de câble chauffant. Pour le coût à l’hectare, il faut sortir votre calculette.
Sur le plan technique, ces nouvelles protections, concurrentes des bougies ou des asperseurs, voire les bottes de paille, se répartissent en deux grandes catégories : les câbles de puissance constante et les autorégulants. Les premiers délivrent une chaleur constante quand les seconds ajustent leur puissance électrique en fonction de la température. Dans tous les cas, ces câbles s’accrochent au fil de baguette et sont raccordés à des armoires électriques fixes ou amovibles. Et trois solutions sont envisageables pour leur alimentation : avec une génératrice branchée sur la prise de force d’un tracteur pour des petites surfaces (jusqu’à 0,4 ha), avec un groupe électrogène ou par le raccordement électrique au réseau public d’électricité.
SCDC a opté pour des câbles autorégulants. « Après étude du besoin du viticulteur, on coupe les câbles à la longueur des rangs et on fabrique des armoires électriques où l’on installe des sondes thermiques qui peuvent être réglées pour déclencher le chauffage dès 5 °C, explique Xavier Vallois, directeur technique de cette entreprise spécialiste du matériel de palissage. Nous livrons les câbles et l’armoire, mais c’est au viticulteur de les poser dans ses vignes. On lui conseille d’être accompagné par un électricien pour les branchements. »
Chez Danfoss, qui installe des câbles de puissance constante, « lorsque les viticulteurs sont intéressés, on envoie un électricien agréé par notre entreprise pour mesurer les parcelles. Ensuite, nous étudions la faisabilité et le coût de l’installation. On passe par notre électricien agréé pour raccorder et certifier les branchements. Toutes les alimentations sont généralement enterrées. Les armoires sont fixées sur une dalle de béton », détaille Stéphane Palanchon.
Vaste entreprise que d’enterrer du câble. Danfoss privilégie cette solution car ses installations sont souvent importantes. « Lorsque l’on a plusieurs hectares à faire d’un seul tenant, il est plus pratique d’enterrer les câbles plutôt que les laisser traîner au sol sur des centaines de mètres, explique Stéphane Palanchon. En revanche, si les viticulteurs nous le demandent, nous pouvons les laisser posés au sol. Et quelle que soit la demande, nous ne faisons pas le terrassement car c’est une opération à part entière et les viticulteurs connaissent souvent un entrepreneur pour le faire. »
Acso, qui installe également des câbles de puissance constante, se distingue par son système amovible plug-and-play. Cette entreprise équipe ses câbles chauffants et ses câbles d’alimentation de prises spécifiques pour qu’on puisse les raccorder par simple branchement.
S’agissant de l’efficacité de son système, Stéphane Palanchon indique : « On peut sauver jusqu’à 80 % de la récolte. On protège les bourgeons lorsqu’ils sont peu développés, mais au-delà de 3 feuilles étalées, cela devient compliqué ». Et pour cause : l’extrémité des jeunes pousses est alors trop éloignée des câbles pour bénéficier du halo de chaleur qu’ils dégagent.
Pour conserver cette chaleur, Vigne Protec combine les câbles avec l’installation d’un géotextile au-dessus du rang. « Avec une telle installation, en avril 2021, nous avons sauvé 90 % des premiers bourgeons dans une parcelle de Corton Charlemagne, à Pernand-Vergelesses, là où les parcelles voisines n’en avaient plus que 10 % », affirme Frédéric Béllier, installateur de câbles.
Dans ces conditions, ces installations sont-elles rentables ? Peuvent-elles être amorties ? Première réponse des fournisseurs : l’économie se fait d’abord au niveau de la main-d’œuvre. En période de gel, en effet, pas besoin de mobiliser des troupes plusieurs nuits d’affilée pour allumer des bougies. Ensuite, Stéphane Palanchon ajoute : « Il faut surtout vous demander ce que vous risquez de perdre en n’installant pas de câbles ». Même son de cloche chez Vigne Protec, qui a déjà réalisé sept installations en Bourgogne. « Nous vendons notre solution complète à 70 000 €/ha dans les vignes haute densité de Bourgogne. On a fait un calcul : l’installation est remboursée en un coup de gel pour une parcelle où l’on récolte 50 hl/ha en moyenne et dont on vend le vin 10 € la bouteille. »
Le mot de la fin pour le responsable des ventes chez Danfoss qui ajoute, connaisseur : « Avant de penser aux câbles chauffants, il faut en revenir aux bases en respectant les bonnes pratiques : ne pas gratter les sols avant un risque de gel, ou encore décaler la taille. »
FranceAgriMer l’assure, le programme d’aide aux investissements pour la protection contre les aléas climatiques sera reconduit cette année. Dans ce cadre, l’équipement en câbles chauffants devrait à nouveau être éligible à cette subvention. Les vignerons qui souhaitent s’équiper pourront bénéficier de 40 % de subvention et d’un maximum de 40 000 € HT. En 2023, 20 millions d’euros avaient été alloués à l’ensemble de ce programme. Patience pour 2024.