e lundi 12 février après-midi, tous les représentants de la filière vin trottaient après le cortège ministériel inaugurant le salon Wine Paris. Tous ? Non, l’un d’entre eux alpaguait l’auteur de ces lignes avec virulence et menaces, mais sans précision sur ses reproches. Peut-être n’aime-t-il tout simplement pas la liberté de ton et l’indépendance journalistique du site Vitisphere ? Dont l’équipe traite une actualité sans attendre l'avis, ni même l’autorisation, du président des Certitudes Naturelles et Indiscutables du Vin, également vice-président du Censeur Invétéré des Vérités Bonnes à taire ? Notre rédaction continuera à contribuer à l’information des opérateurs du vin, qu’il s’agisse de faire écho aux demandes et inquiétudes de toutes les organisations et personnalités du vignoble et du négoce, qu’il s’agisse de bonnes nouvelles sur des gens du vin, qu’il s’agisse d’initiatives iconoclastes faisant tiquer l’establishment, qu’il s’agisse de débats politiques et sociétaux remettant en cause les acquis et les habitudes… Et ce dans un contexte d'incertitudes et de tensions fortes, où il ne fait clairement pas bon être élu de la filière : les victoires étant toujours collectives, mais les difficultés ayant besoin de boucs émissaires. Un rôle expiatoire qu'un média professionnel indépendant n'a pas à assurer.
Si nous n’avons pas à Vitisphere le pouvoir d’aggraver ou de résoudre les difficultés qu’affrontent les vins français, nous avons la volonté de décloisonner l’information pour qu’elle circule avec fluidité et que les opérateurs puissent décider de leurs orientations individuelles avec une connaissance élevée des actualités modelant leur environnement professionnel. Certes, cet élu du vignoble jugeait déjà, il y a quelques années, « indigent » le niveau de qualité de nos sujets, mais comme tous les viticulteurs et négociants ne siègent pas dans les instances nationales, notre rédaction n’a pas la folle ambition d’apprendre quelque chose à quelqu’un qui sait déjà tout, mais bien de faire ruisseler l’information auprès des opérateurs intéressés. C'est notre vigne éditoriale.
Bref, dédaignant d'être la Pravda parasite, lors même qu'on n'est pas l'AFP ou Reuters, Vitisphere ne monte peut-être pas bien haut, mais seulement pour apporter l'information la plus riche possible à la filière et pas une communication courtisane. « Les princes gâtés par la flatterie trouvent sec et austère tout ce qui est libre et ingénu » écrit Fénélon dans les Aventures de Télémaque (1699), ajoutant que « toute parole libre et généreuse leur paraît hautaine, critique et séditieuse. Ils deviennent si délicats, que tout ce qui n’est point flatteur les blesse et les irrite. »
Si l’accès à certaines institutions s’annonce de nouveau compliqué pour la rédaction de Vitisphere, elle ne cessera pas de traiter professionnellement les sujets d’actualité de tous les vignobles. Et ce quels que soient leurs acteurs et leurs attaques personnelles et intimidantes.