xpérimenté cet hiver, le système Contactless, d’Infaco, crée une zone de sécurité autour de la main opposée à celle qui taille, empêchant toute coupure. Pour cela, un capteur se glisse dans une poche à scratch cousue sur une mitaine ambidextre ou dans un gant prévu à cet effet. Si la main qui porte ce gant s’approche trop près du sécateur, la lame se bloque dans sa position.
En Champagne, les vignobles Mumm Perrier-Jouet testent ce système avant sa commercialisation prévue pour juin prochain. Florence Gallichet s’est portée volontaire, ainsi que deux autres salariés.
Depuis plus d’un mois, cette gauchère taille à l’aide d’un sécateur F3020 et du capteur associé glissé dans une mitaine, au-dessus de laquelle elle ajoute un petit gant du commerce afin de protéger sa main droite des frottements avec le bois. « Je suis complètement convaincue par le système et je vais au travail beaucoup plus sereine, explique-t-elle. Je pense surtout à la fin de la période de taille, lorsqu’avec la fatigue et l’habitude, on perd en vigilance. »
Avant de lancer l’expérience, « ils ont pris les mesures de ma main puis ils ont réglé la zone de sécurité », explique Florence Gallichet. En effet, Infaco a défini trois zones de sécurité de forme ovale autour de la main du tailleur, avec le poignet, la paume et les doigts. Celles-ci ne peuvent être établies que par une personne certifiée par l’entreprise.
Une fois équipée, la tailleuse a dû revoir ses gestes, façonnés par vingt ans d’expérience. « C’est la position de la main opposée au sécateur qui change. On va chercher les bois un peu plus haut. Et quand les bois sont courts, on les coupe, on les laisse tomber puis on les ramasse pour les mettre au milieu dans l’interrang au lieu de les attraper au fur et à mesure. Avant, j’attrapais ces bois. Je prenais forcément plus de risques », explique-t-elle, même si elle n’a jamais eu d’accident.
Autre adaptation : la vigneronne ne peut plus, sans enclencher la sécurité, tirer le fil de baguette pour dégager la charpente lorsqu’elle la nettoie de ses pampres. Mais elle a trouvé sa solution. « Je fais sauter le lien qui attache la charpente au fil en passant le sécateur fermé entre le fil et la charpente. Ensuite, je peux accéder aux pampres. C’est juste un coup de main à prendre ! » Et par temps de pluie, aucune mise en sécurité intempestive.
« Depuis cinq ans, nous avons créé en Champagne un groupe de travail “Sécurité vignoble” intermaisons, explique Thierry Bidaut, chef du vignoble de Mumm Perrier-Jouet, qui emploie 140 tailleurs sur 260 ha, dans le but de tester les sécateurs et leur sécurité. Les trois testeurs de la sécurité Infaco sont plutôt satisfaits. Si l’expérience se confirme, nous la déploierons pour nos équipes. »
Les intéressés n’auront pas forcément besoin d’acheter un nouveau F3020 pour en bénéficier. « Depuis l’an dernier, on met un emplacement pour les émetteurs dans nos sécateurs F3020 », rassure Davy Delmas, président de l’entreprise. Le coût de l’option Contactless s’élève tout de même à 195 € HT.
Impossible d’échanger avec un autre tailleur un sécateur équipé de la sécurité Contactless, d’Infaco, car cette dernière est paramétrée sur mesure. « Si notre sécateur tombe en panne, on ne pourra pas emprunter le matériel d’un collège qui est équipé également, prévient Florence Gallichet, non sans une pointe d’humour. Il faudra retourner à l’ancienne, au sécateur manuel. Après cela, on appréciera d’autant plus de retrouver le confort, la rapidité et la sécurité du sécateur électrique ! »