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Cognac chiffre ses excédents à 3 500 ha de vignes à arracher définitivement et 7 à 10 000 ha temporairement
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Estimations
Cognac chiffre ses excédents à 3 500 ha de vignes à arracher définitivement et 7 à 10 000 ha temporairement

"Tant qu’il n’y a pas de reprise, on a bassin qui est certainement un peu surcalibré" annonce l’interprofession de l’eau-de-vie charentaise qui demande des aides à l’arrachage temporaire et une bonification pour l’arrachage (plutôt entre 10 et 15 000 €/ha que 4 000 €/ha), ainsi qu’un possible dispositif de distillation de crise. Sachant que "si on n'est pas du tout aidé par l'État, je ne sais pas comment on va pouvoir continuer à respecter nos engagements pour préserver les autres régions viticoles".
Par Alexandre Abellan Le 09 octobre 2025
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Cognac chiffre ses excédents à 3 500 ha de vignes à arracher définitivement et 7 à 10 000 ha temporairement
« La crise que nous connaissons n'est pas une crise de production, c'est une crise de marché » plaide Florent Morillon qui défend la stratégie charentaise adoptée avant que les nuages noirs ne s’amoncellent. - crédit photo : Adobe Stock (Λεωνιδας)
L

a filière de Cognac renouant avec la crise, il faut « que nous nous adaptions et que nous réagissions sans surréagir [pour savoir] comment on passe cette période difficile qui s'installe structurellement, probablement pour plusieurs années » pose Florent Morillon, le président du Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC), ce mercredi 8 octobre lors d’une conférence de presse dédiée au plan d’action de la filière charentaise face aux difficultés qui s’annoncent. Et qui se font déjà sentir : 145 millions de bouteilles ayant été expédiées par Cognac sur l’année glissante s’achevant en septembre 2025, soit -10 % par rapport aux 12 mois précédents.

La faute à la déconsommation globale de spiritueux (et des vins), ainsi qu’à la fermeture spécifique du marché chinois (-25 % de ventes depuis le lancement de l’enquête antidumping il y a 18 mois), alors que l’effet des taxes américaines ne se fait pas encore bien sentir (étant passées de 10 à 15 % en août, sans compter le taux de change défavorable). Prévoyant de prochaines années difficile, la filière charentaise se constitue une boîte à outils de crise pour piloter ses 87 914 hectares de vignes AOC.

Rendement, arrachages…

« Tant qu’il n’y a pas de reprise, on a bassin qui est certainement un peu surcalibré » annonce le président du BNIC. Premier levier pour gérer les excédents, actuellement estimés à 100 000 hectolitres de vin, le rendement 2026 sera connu dès janvier prochain annonce Florence Morillon, avançant encore le calendrier anticipé de 2025 (le rendement commercialisable 2025 ayant été fixé en février à 7,65 hectolitres d’alcool pur par hectare, quand il était jusque-là fixé durant l’été et confirmé à la rentrée).

Deuxième outil d’adaptation, le nouveau dispositif volontaire du Volume Complémentaire Cognac Individuel (VCCI, permettant de compenser un arrachage temporaire de parcelles sans débouchés commerciaux par une augmentation de rendement AOC sur le reste du parcellaire). Actuellement utilisé sur 2 000 hectares, l’outil doit être complété par un arrachage temporaire indique Florent Morillon. Soit le projet de replantation différée et primé porté par le vignoble français depuis des années, en vain jusqu’ici. La Commission européenne proposant désormais une évolution réglementaire portant à 13 ans la durée de vie des autorisations de replantation. Pour Florent Morillon, il faut un outil d’arrachage temporaire en complément du VCCI, pouvant passer par « un engagement d’arrachage et une indemnité annuelle en contrepartie pour passer la période difficile ».

10 500 à 13 500 ha à arracher

D’après les estimations actuelles du BNIC, il faudrait « mettre en pause » 7 à 10 000 ha avec le VCCI et l’arrachage temporaire. Sachant que cette estimation dépend des rendements agronomiques (pouvant être très variables avec l’ugni blanc d’un millésime à l’autre). Surface auxquelles il faudrait rajouter 3 500 ha à arracher définitivement avance Florent Morillon, ciblant « les personnes en difficultés majeures ou arrivant à la retraite ». Sachant que ces 3 500 ha « correspondent à ce que l’on a perdu sur le marché chinois » indique le représentant du négoce, demandant à l’Europe d’assurer la bonification de cette prime à l’arrachage en compensation de l’exposition de la filière cognac dans le contentieux avec les voitures électriques chinoises. La « cagnotte » des taxes européennes sur les véhicules électriques chinois pouvant être une évidente source de financement pour le président du BNIC.

Les 4 000 €/ha actuellement évoqués par la nouvelle campagne d’arrachage (qui n’est ni autorisée ni financée) ne seront pas à la hauteur pour Cognac, on l’on évoque plutôt une prime entre 10 et 15 000 €/ha « pour que ce soit raisonnable et en corrélation avec la région » esquisse Florent Morillon. Ce qui pourrait représenter une enveloppe supplémentaire de 20 à 40 millions €. Le président du BNIC ajoutant que la filière charentaise « réfléchit, bien sûr, à aussi voir comment nous pourrions un peu autofinancer ou aider ce dispositif au niveau de l'interprofession » malgré un cadre budgétaire resserré (-30 %, de 21 millions € en 2022-2023 à 15 millions € en 2025-2026).

Cognac se défend d’avoir trop planté

Pour étayer son appel à une aide compensatrice, Florent Morillon souligne que « depuis 20 ans, Cognac se débrouille seul » et ne demande de soutien que sur l’« impact lié aux conséquences géopolitiques en Chine ». Et à ceux rapprochant les 10 à 13 500 ha à arracher selon le BNIC aux 14 600 ha de nouvelles autorisations de plantation demandés par Cognac depuis 2016, le président de la filière charentaise rétorque que Cognac n’a pas trop planté « au pas regard de la situation lors des prises de décision. Nous étions en allocations aux États-Unis » rapporte-t-il, soulignant qu’« en 2020, il n’y avait personne qui était capable de nous dire que nous allions subir cette pandémie [du covid], que l'Ukraine serait envahie par la Russie », que la Chine ouvrirait une enquête antidumping, que les États-Unis imposeraient des droits de douane…

La crise que nous connaissons n'est pas une crise de production, c'est une crise de marché

« Je voudrais qu'on soit assez clair : aujourd'hui la crise que nous connaissons n'est pas une crise de production, c'est une crise de marché. La preuve en est que les autres régions viticoles n'ont pas planté comme nous et sont malheureusement dans la même situation ». Ajoutant que le gros des contingents demandés ne sont pas encore entrés en production, Florent Morillon ajoute que « 3 500 ha n'ont pas été plantés et sont restés en stand-by sur la totalité des surfaces que nous avons obtenues », soit le niveau du dernier contingent de 2023.

Répétant que l’évolution de la crise du Cognac est imprévisible, dans un sens ou dans l’autre, le BNIC préfère anticiper en demandant par avance l’ouverture d’un dispositif de distillation de crise selon les excédents de vins qui pourraient rapidement s’accumuler : « il faut gérer. On s'était engagé à l'époque à préserver les autres régions. Si on n'est pas du tout aidé par l'État, à un moment donné, je ne sais pas comment on va pouvoir continuer à respecter nos engagements » explique Florent Morillon, qui espère n’en avoir jamais besoin, mais souligne que « sait aussi que quand on veut obtenir une mesure, surtout dans le contexte que l'on connaît (où tout est figé politiquement), il ne faut pas s'y prendre un mois à l'avance. » Ayant l’habitude du temps long, Cognac se met en ordre de bataille pour obtenir des aides d’urgence de court et moyen-terme.

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