Monsieur le Ministre,
En ce début d’année 2014, vous défendez devant les parlementaires votre projet de loi d’A venir pour l’agriculture. Paradoxe lorsque l’on apprend qu’au même moment, vous vous apprêtez à tirer un trait sur l’avenir des distilleries vinicoles en portant un projet de décret dévastateur.
S’il voyait le jour, ce projet démantèlerait brutalement la filière et entrainerait la fermeture des 50 distilleries du territoire qui recyclent depuis plus d’un siècle les sous-produits viticoles : les marcs de raisin et les lies de vin. Vous prônez, Monsieur le Ministre, une agriculture doublement performante sur les plans économique et environnemental. Nous l’approuvons sans réserve.
Selon une étude commanditée par votre ministère et publiée en novembre 2013, les Analyses de Cycle de Vie comparant les voies de valorisation des sous-produits démontrent que la distillation est la plus vertueuse pour la qualité des écosystèmes, les ressources naturelles, le changement climatique et la santé humaine.
Par ailleurs, nos bio-raffineries valorisent le savoir-faire français en exportant les produits à haute valeur ajoutée issus de la transformation des marcs et des lies : alcools de bouche, biocarburants issus de production non alimentaire, engrais organiques, ou encore dérivés cosmétiques Made In France.
Nos distilleries sont donc l’outil de l’agriculture doublement performante que vous désirez tant. Alors pourquoi un tel décret, en contradiction avec vos convictions ? Pourquoi menacer une filière au service d’une économie circulaire, dont les projets s’inscrivent dans le développement de la bio-économie, avec notamment la méthanisation après la distillation ? Pourquoi menacer une filière centenaire qui répond avec satisfaction aux besoins des viticulteurs en recyclant et dépolluant les sous-produits de l’activité viticole ?
En signant ce décret, Monsieur le Ministre, vous priveriez les distilleries de leurs matières premières , vous supprimeriez 2 000 emplois non délocalisables et vous porteriez préjudice aux filières utilisatrices en aval des produits de la distillation .
Nous ne pouvons pas comprendre dès lors, la logique qui vous inspire.
Nos distilleries ont toujours fait preuve de grandes capacités d’adaptation , comme en 2008, lors de la réforme de l’ Organisation Commune des Marchés. Mais nous en sommes sortis fragilisés : 25 % des distilleries ont fermé. Aujourd’hui la santé économique de nos entreprises ne nous permettrait pas de supporter les conséquences d’une si lourde décision. Vous voulez parler d’avenir M onsieur le Ministre ? Alors, abandonnez ce projet !
L’Union Nationale des Distilleries Vinicoles