Une explosion de l’export qui prend le relais d’années post-COVID contrastées et qui redessine un paysage mondial des échanges résolument ouvert. « Le commerce mondial s’emballe et tout le monde peut y trouver sa place, grand groupe ou PME, au grand export ou dans l’Union européenne, signale Margot Le Guernigou, responsable d’études internationales chez Business France. C’est un contexte d’opportunités mais aussi de menaces car la concurrence risque d’être exacerbée ».
D’où l’apport de cet ouvrage-référence qui donne à voir l’état des marchés mondiaux et le potentiel qu’ils offrent aux produits français des secteurs Vins, Spiritueux, Bières et Cidres, notamment. Une « Bible de l’export » nourrie de l’expertise locale des bureaux de Business France, qui bénéficie de l’éclairage additionnel des conseillers aux affaires agricoles du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire.
Retour en 8 points sur les enseignements de l’édition 2024.
1. L’INFLATION, MIROIR DÉFORMANT DES RECORDS
1 888 milliards d’euros : en 2022, ce chiffre record représente la valeur totale des exportations des secteurs agro, soit 21% de plus que l’année précédente. Et sur cet ensemble, la part représentée par les produits agro passe pour la première fois le billion avec 1 196 milliards d’euros.
2. UNE REDISTRIBUTION DES CARTES… AU SEIN D’UN CLUB RESTREINT DE NATIONS
Cette polarisation a tendance à exacerber les positions des exportateurs déjà établis : en 2022, dix pays réunissent à eux seuls 50% des exportations agricoles et agroalimentaires, et six d’entre eux en réalisent 38% : États-Unis, Brésil, Pays-Bas, Allemagne, Chine, France. Mais, au sein de ce club restreint de nations exportatrices, les positions ne sont pas figées et évoluent au gré du contexte immédiat.
3. COCORICO ! LA FRANCE SUR DE MULTIPLES FRONTS
Dans cette concurrence mondiale, la production française reste une valeur sûre reconnue par les partenaires commerciaux. « Ce qui ressort chaque année du Livre Blanc, c’est la diversité de l’offre française : l’Hexagone truste les premières places dans de multiples catégories, avec des secteurs divers dont les Vins et Spiritueux ». Une polyvalence qui se retrouve dans les chiffres : la France est ainsi premier exportateur de vins.
4. L’APPEL DE L’AMÉRIQUE
Dans ce paysage remodelé par l’inflation et où la France a des parts de marché à aller chercher, le regard des exportateurs pourrait se tourner résolument vers l’Amérique du Nord. « La production locale en Amérique du Nord connaît un bond inflationniste qui rend l’import presque aussi attractif », explique Margot Le Guernigou. Une position française qui n’a cessé de croître au fil des ans et qui atteint le taux de croissance record de +15% cette année aux Etats-Unis et Canada (les Vins et Spiritueux occupant près de 70% des exportations).
5. UE : UNE VALEUR REFUGE MENACÉE PAR L’INFLATION
Cette invitation au grand export ne doit pas diminuer la place privilégiée qu’occupe l’Union européenne dans la liste des débouchés français : le marché unique absorbe en effet plus de la moitié des exportations agro françaises en 2022.
6. EN HAUSSE : L’EST DE L’EUROPE
Une situation qui crée un effet loupe sur les « nouveaux » marchés de l’Est de l’Europe, comparativement plus attractifs que certains marchés voisins historiques. « Le livre blanc permet de mettre en lumière certaines données factuelles qui renversent nos représentations traditionnelles : par exemple, le PIB par habitant de la République Tchèque est presque équivalent à celui de l’Espagne ».
7. EN BAISSE : LA CHINE
En revanche, une destination est actuellement sujette à interrogations.
La Chine, qui est la seule zone ayant enregistré un repli conjoncturel des exportations françaises en 2022. Mais l’année 2023 devrait déjà manifester un rebond. A noter que la Chine reste le premier importateur mondial de produits agro, poursuivant ainsi sa stratégie de sécurisation alimentaire par constitution de stocks.
8. ADIEU ANNÉES COVID ?
Si une tendance se dégage globalement de la lecture du Livre Blanc de cette année, c’est… qu’il n’y a plus vraiment de « tendances » au sens conjoncturel du terme. « On assiste à une forme de normalisation post-COVID : tout ce qui était nouveau et en plein boom à l’époque (e-commerce, explosion des achats labels, etc) est aujourd’hui en phase de normalisation et de consolidation », analyse Margot Le Guernigou. Seule certitude : si la flambée des coûts logistiques s’est aujourd’hui atténuée, ceux-ci restent cependant supérieurs à ceux observés en 2019. « Un constat qui oblige les exportateurs à mettre en place des stratégies d’optimisation, notamment si le grand export confirme sa dynamique ».
EN CONCLUSION…
L’année 2024 s’impose donc comme l’année de la démesure pour l’export agro français. Mais, derrière ces données macro, le Guide Où Exporter vaut surtout pour les informations détaillées, pays par pays, secteur par secteur, qu’il est capable d’apporter. « J’invite tous les exportateurs de la filière à le feuilleter pour évaluer le degré d’adéquation de leur produit avec le marché-cible, conclut Margot Le Guernigou : c’est un outil très pratique pour affiner sa stratégie, en même temps qu’un ouvrage passionnant pour comprendre les dynamiques commerciales et géopolitiques à l’œuvre autour du globe… Bonne lecture ! »