En prospection, c'est surtout grâce au changement de la coloration du feuillage que l'on repère en premier lieu un cep atteint de jaunisse à phytoplasme, flavescence dorée et bois noir. Pour les cépages blancs, les symptômes sont d’une façon générale moins visibles et donc, les risques de non-détection plus élevés ; un passage tous les deux rangs au lieu d'un rang sur quatre est donc aussi conseillé. Le recours à l’identification des deux autres symptômes - non aoûtement ou aoûtement partiel du rameau et desséchement des grappes – intervient donc dans un second temps, pour compléter ou confirmer ou non le diagnostic. Il faut également savoir que dans certains cas, il peut manquer l'un, voire les deux symptômes, sur des pieds pourtant contaminés.
Sur feuillage, « les principales confusions rencontrées, sur cépages rouges comme blancs, ont lieu avec des carences, la cicadelle des grillures ou encore l’Esca-Bda », constate Sophie Bentejac, du Gdon de Bordeaux. Concernant les symptômes sur feuilles liés aux carences, celles en magnésie ou en potasse donne des colorations rouges sur feuilles, similaires à celles observées en cas de flavescence dorée. Sur cépage blanc, des décolorations des feuilles en jaune sont observées, comme pour la flavescence dorée. Comment alors les différencier ? « Il suffit d’observer les deux autres organes, rameaux et grappes, pour vérifier s’ils présentent ou non les symptômes de la flavescence dorée », préconise Sophie Bentejac.

Carence en magnésium sur cépage rouge (© Ifv Sud ouest)

Carence en manganèse : Les symptômes sont observés sur feuilles avant le début de la véraison et se caractérisent par un jaunissement ou rougissement du limbe et l'apparition de marbrures vert jaunâtre ou rougeâtre (© Ifv sud ouest)
Concernant les carences en bore ou les chloroses, un détail diffère également au niveau de la coloration de la feuille : les nervures restent vertes, tandis que pour la flavescence dorée, elles rougissent ou jaunissent, de la même façon que le limbe. Mais selon le degré de carence, les symptômes peuvent être aussi plus ou moins marqués, rendant la détection plus complexe.

En cas de carence en bore, les symptômes sur feuilles avant floraison se caractérisent par des plages décolorées sur le pourtour du limbe pouvant conduire à des nécroses (© Ifv sud ouest)

dans le cas d’une chlorose ferrique, le limbe jaunit mais les nervures restent vertes (© Ifv sud ouest)
La cicadelle verte, ou cicadelle des grillures, provoque également des symptômes proches de ceux de la flavescence dorée. Mais la coloration rouge (ou jaune sur cépage blanc) a lieu sur le pourtour de la feuille, sur les bords. De plus, les taches sont délimitées par les petites nervures et se présentent sous forme polygonale à allure de mosaïque. Les « attaques » liées à la flavescence dorée ont le plus souvent lieu au départ par un seul côté, sur un secteur.

Les premiers dégâts de cicadelle verte apparaissent en bordure des feuilles sous l’aspect de rougissement (cépages rouges), ou de jaunissement (cépages blancs), délimités par les petites nervures : taches aux contours polygonaux à allure de mosaïque. (© Ifv sud ouest)

Dégâts sur feuille de cicadelle des grillures (© Bentejac)
Les symptômes liés à l’Esca/Bda sont aussi sources de confusion chez les viticulteurs. On peut différencier les deux maladies grâce au « dessin » typique remarquable sur les feuilles touchées par l’Esca, correspondant à une coloration rouge sur cépages noirs et jaune sur cépages blancs, au milieu des zones inter-nervures, les zones entourant les nervures restant vertes.

Esca sur cépage noir (© Ifv sud ouest)

Esca sur cépage blanc (© Ifv sud ouest)

Flavescence dorée sur cépage blanc (© Fredon Aquitaine)
Mais il peut aussi arriver que le dessin soit moins marqué: il est alors recommandé d'essayer de repérer les « attaques » qui ont lieu par le milieu des zones. Les symptômes sur rameaux et grappes sont par contre similaires entre les deux maladies (pas d’aoûtement des rameaux et grappes desséchées).

Le cep qui est à droite sur la photo est atteint par une jaunisse à phytoplasme. La maladie que l'on peut voir sur le cep de gauche est le Black Dead Arm (© Fredon Aquitaine)

Coloration totale du limbe d'un cépage rouge liée à la flavescence dorée (© Fredon Aquitaine)
Mais d’autres confusions sont également possibles : la cicadelle « bubale », en recrudescence dans le vignoble de Gironde, provoque un rougissement des feuilles, très identique à celui de la flavescence dorée. Ce qui les différencie : un « cerclage » noir, visible sur la tige du rameau, correspondant à la cicatrice liée à la piqure de l’insecte. Les symptômes sont situés uniquement au-dessus de cette piqûre, la rendant donc reconnaissable de la flavescence dorée. De plus, les piqûres ont souvent lieu en hauteur, atteignant le plus souvent le bout des rameaux situés en haut du feuillage.

Le rougissement est dû à une blessure (flèche rouge) causée par une cicadelle bubale. Dans ces cas là, le changement de coloration du feuillage ne se fait qu'au-dessus de la blessure ; les pétioles des feuilles ont également rougit alors qu'en présence d'une jaunisse à phytoplasme, ceux-ci restent verts (© Fredon Aquitaine)

Symptômes liés à la piqûre de la cicadelle bubale (© Ifv sud ouest)
Les viticulteurs peuvent également confondre avec un dépérissement du pied lui-même, les symptômes touchant alors l’ensemble du pied, ce qui arrive plus rarement avec la flavescence dorée.

les rougissement foliaires sur cette photo ne sont pas dus à la flavescence dorée. La base du pied est nécrosée (voir ci-contre). C'est cette nécrose qui provoque le rougissement des feuilles. (© Fredon Aquitaine)

Lorsque des rougissements ou des jaunissements apparaissent, il faut donc également toujours vérifier que le rameau n'est ni blessé, ni nécrosé, ni cassé.
Sur cépages rouges, la confusion avec l’enroulement est aussi souvent faite, un phénomène de plus courant et lié au clone. Mais la décoloration a lieu au départ sur le pourtour de la feuille puis s’étend progressivement à tout le limbe. Les nervures, primaires et secondaires, restent épargnées, seules les zones inter-nervures se colorent en rouge. Les zones sont moins morcelées dans le cas de la flavescence dorée.

pour l’enroulement, la zone autour des nervures, primaires et secondaires reste épargnée, le limbe s'épaissit et s'enroule vers le bas. (© Inra Colmar)

Les feuilles situées dans le haut de la photo ci-dessous présentent un des rougissements de jaunisse à phytoplasme sur Cabernet sauvignon ; sur les feuilles situées en bas de la photo, il s’agit peut-être du virus de l’enroulement (© Fredon Aquitaine)
Le court-noué provoque quant à lui des confusions sur cépages blancs ; mais dans le cas de cette maladie, les feuilles présentent un jaunissement sous forme de panachures, avec des variations de couleurs possibles sur un même rameau. Mais les symptômes restent malgré tout proches, et les confusions courantes. Une observation des rameaux et des grappes doit permettre de le différencier, les symptômes étant différents : dans le cas du court-noué, l'aoûtement du rameau et le raccourcissement des entre-nœuds sont des symptômes caractéristiques.

une panachure sur feuille, typique du virus du court-noué (© Fredon Aquitaine)

Panachure liée au virus du court-noué (© Ifv sud ouest)
Pour distinguer le bois noir de la flavescence dorée enfin, les symptômes étant strictement identiques, seul un prélèvement de matériel végétal (feuilles et/ou rameaux) puis une analyse en laboratoire permet de différencier les deux maladies.
D'une façon générale, « en cas de doute, il faut faire venir un technicien du Gdon, insiste Sophie Bentejac. Mais cela n’empêche pas la formation des viticulteurs eux-mêmes ».
*Gdon: groupement de défense contre les organismes nuisibles *Pour aller plus loin: http://flavescencedoree.jimdo.com/