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’affaire dure depuis maintenant trois ans… et pourrait encore perdurer quelques mois ou années, selon la version du cahier des charges de l’AOP Bourgogne, qui sera proposée par l'INAO la semaine prochaine. C’est en effet jeudi 6 novembre que le Comité national de l’INAO doit présenter sa nouvelle copie, détaillant la délimitation de l’aire de production de l'appellation Bourgogne.
Ainsi, les producteurs de Bourgogne en Beaujolais redoutent que la nouvelle proposition de délimitation soit identique à la première version présentée en 2011 et l'ont fait savoir lors d'une conférence de presse organisée le 27 octobre. "Toujours sous pression de l’ODG Bourgogne, l'INAO a repris le même texte de cahier des charges mais en lançant cette fois la procédure nationale d’opposition », s’indigne Olivier Bosse-Platière, viticulteur membre de l’APBB, l’association des producteurs de Bourgogne en Beaujolais, qui lutte pour la modification du cahier des charges. La précédente mouture, datant de 2011, avait en effet été retoquée en mars dernier par le Conseil d’Etat, mais pour vice de forme. L’INAO n’avait pas « pris le temps » de lancer la procédure nationale d’opposition (PNO), pourtant obligatoire.
Par ailleurs, « démarrée en juillet et se terminant tout juste, la PNO a été lancée juste au bon moment, pour être sûr d’avoir le moins possible de retours…" ironise le vigneron… "Le directeur de l'ODG Bourgogne travaille depuis le début à notre exclusion !». Malgré cela, les viticulteurs producteurs de Bourgogne en Beaujolais sont parvenus à se mobiliser et ont envoyé pendant l’été plus de 200 courriers à l’INAO.
Si le prochain cahier des charges ne change pas la délimitation de l’aire de production Bourgogne, l’APBB continuera donc son combat : «Soit ils écouteront nos arguments et seront d’accord pour rouvrir le dossier, soit ils passent en force et valident le cahier des charges en l’état. Nous retournerons alors une deuxième fois en conseil d’Etat », prévient Olivier Bosse-Platière.
Le conflit entre producteurs du Sud et du Nord de la zone de production Bourgogne a commencé en 2011, lors de la délimitation de l’aire des appellations Bourgogne blanc, rouge et aligoté. Le nouveau cahier des charges proposé à l’époque par l’INAO, et promulgué par décret fin 2011, prévoyait l’exclusion d’un grand nombre de communes du Rhône et de la Saône et Loire, correspondantes à la zone du Beaujolais. Son application impliquait en effet l’interdiction de produire du Bourgogne rouge dans le Rhône et une partie de Saône et Loire. Pour la production de Bourgogne blanc, le nombre de communes autorisées est ramené à 42, contre 96 auparavant... "Des zones dans lesquelles on produit pourtant des AOP Bourguignonnes depuis 1937», se désole Olivier Bosse-Platière. "L’ODG Bourgogne a exercé une très forte pression auprès de l’Inao afin que le Beaujolais soit exclu de l’aire d’appellation ; avec la crise que nous avons connu en 2008, ils ont eu peur que l’on plante du chardonnay à tour de bras, mais il n’en est rien !", explique celui-ci.
L’APBB crie, depuis cette date, à l’injustice. Elle argumente notamment que cette nouvelle délimitation se base sur des critères « totalement discriminants » et qui conduisent à des « aberrations ». «Nous aimerions que la nouvelle délimitation se fasse en fonction des terroirs et que les critères soient les mêmes partout», a conclu le viticulteur.
Prochain épisode donc, dans une semaine…
[Photo : De gauche à droite: Gérard Legrand, viticulteur à Saint-Julien, Jean-Paul Civeyrac, directeur de la coopérative de Bel-Air, Olivier Bosse-Platière, du Château Lachassagne et Laurent Metge-Taupin, vigneron à Blacé. Tous membres du bureau de l'APBB et basés dans le Rhône. Crédits : Juliette Cassagnes]
