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et été, le gouvernement et les représentants de la filière viti-vinicole annonçaient une mesure drastique pour réduire les stocks de vins pesant sur la péninsule ibérique : destiner à la distillation industrielle 4 millions d'hectolitres de vins sans indication géographique (le tout sans subventions). Ce dispositif a finalement été suspendu en septembre, les parties en présence estimant que ces excédents pouvaient désormais être absorbés par le marché. Le développement de l'export et la récolte normale annoncée pour 2014 expliquent ce revirement, tout comme les dernières déclarations de stocks en repli en Castille-la Manche. Cette province était en effet la première visée par ce plan de déstockage, les plans européens d'arrachage et de restructuration n'ayant pas résolu l'enjeu de sa surproduction structurelle. En témoigne la chute du cours des vins produits en Castille-la Manche, après avoir quasiment triplé entre 2011 et 2013.
A l'exception des vins d'appellation (leur prix moyen étant globalement stable ces dernières années), cette baisse est bien correlée avec les performances export des entreprises locales. La baisse et le maintien des cours accompagnent le développement export, tandis qu'une hausse des cours est rapidement sanctionnée par un repli de l'export, selon les explications de Rafael del Rey (Observatoire Espagnol du Marché du Vin, OeMV), présentées ce début octobre dans la village d'Alcazar de San Juan. Confirmant les relations étroites entre l'offre et la demande, ces conclusions ne surprennent pas, mais sont encore plus marquées pour le vrac qu'avec les autres produits (moûts, vinaigres...). Les exportations du vignoble de Castille-la Manche restent d'ailleurs dominées par le vrac, ce conditionnement comptant pour 69 % des volumes expédiés par la province sur l'année mobile se terminant en juin 2014. Pour le reste de l'Espagne, le vrac comptait pour 24 % des volumes exportés par la filière, les vins embouteillés en représentant 57 % (les bouteilles représentant 15 % des volumes en Castille-la Manche). Ce qui explique que le prix moyen des vins exportés par le reste de l'Espagne soit trois fois plus élevé que ceux de Castille-la Manche*.
Pour Rafael del Rey, seule la stabilité des cours des vins et raisins permettra aux vignerons de Castille-la Manche de résoudre la crise viticole qui les secoue. Pour y arriver, l'expert estime « qu'il faut équilibrer les volumes produits avec les besoins du marché : ni en rupture de stock (ce qui propulse les cours dans la stratosphère), ni en surstock (ce qui empéche les vins d'être vendus) ». Pour lui, produire les volumes nécessaires est possible en connaissant mieux les stocks et marchés, tout en se penchant sur les rendements, vendanges en vert... L'économiste préconise également aux producteurs de développer les vins de cépages, « mieux payés et plus faciles à vendre ». Ce conseil leur était déjà donné ce début d'année par un rapport de la Rabobank, qui jugeait que la filière espagnole devait choisir entre « augmenter sa production de cépages internationaux (cabernet sauvignon, merlot...) ou construire une demande à l'export pour ses cépages traditionnels (comme le tempranillo, le mieux positionné actuellement) ».
* : Le profil des pays clients est d'ailleurs différent entre la province de Castille-La Manche et le reste de l'Espagne. France, Allemagne et Italie représentent 69 % des volumes exportés dans le premier cas (respectivement 31, 22 et 15 % des volumes), tandis que ces marchés comptent pour 24 % des volumes expédiés par le reste de l'Espagne (respectivement 9, 12 et 3 %)
[Illustration : Evolution du cours moyen des vins blancs et rouges (respectivement en bleu et rouge) produits en Castille-la Manche d'août 2000 à août 2014 ; OeMV]
