ancer de la vigne, fléau du vignoble, escatatrophe... Les qualificatifs ne manquent pas pour souligner le problème que posent les maladies du bois à la viticulture. Mais dès lors qu'il est question d'y apporter une solution, il semble qu'il n'y en ait qu'une qui ait jamais su prouver son efficacité à l'égard de l'esca et du black dead arm : l'arsénite de soude. Mais ce produit est interdit en France depuis la fin 2001*, son pouvoir cancérogène étant avéré alors que « les conditions pratiques d’utilisation ne permettent pas de garantir l’absence de contamination des applicateurs », selon les termes du médecin du travail Francine Harmandon (MSA Tarn-Aveyron). Face aux difficultés de la recherche à trouver des substituts ou solutions permettant d'endiguer le mal, l'Institut Français de la Vigne et du Vin « remet à l'essai le traitement à l'arsénite de sodium, pour en comprendre le mode d'action. Mais il n'est pas question de le réintroduire » précise immédiatement Philippe Larignon (chef de projet maladies du bois à l'IFV). Les premiers traitements de pieds malades ont été réalisés en février et mars 2014 sur des sites expérimentaux d'Alsace, Champagne et Languedoc, des essais répétés en 2015 et 2016 et qui seront complétés par des expériences en serres. Les chercheurs se pencheront notamment sur les modes d'action de l'arsénite de soude sur les populations de champignons des ceps touchés et les inoculums de la parcelle.
Une démarche satisfaisante pour la Coordination Rurale, le syndicat estimant dans un communiqué que la recherche est « la seule possibilité pour sortir les vignerons de l'impasse technique face à laquelle ils se trouvent et qui occasionne des dégâts considérables dans les vignobles ». Mais la majorité des professionnels semble avant tout impatiente, comme Bernard Farges, le président du Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux qui constatait lors de sa conférence de rentrée qu'en matière de maladies du bois « nous en connaissons les dégâts, mais nous devons constater les faibles avancées de nos recherches », mais qu'il « manque une vraie coordination de tous les acteurs : profession recherche, pouvoirs publics ». La mise en place d'un plan national pour le début 2015 souhaite y remédier (cliquer ici pour en savoir plus). « Les champignons [des maladies du bois] se développent dans le bois, il n'est pas simple de trouver des produits pour y pénétrer, et les résultats ne sont souvent pas visibles dans l'année... » souligne Philippe Larignon, rappelant que c'est le hasard de la lutte contre la pyrale de la vigne qui a permis de connaître l'effet de arsénite de sodium sur esca et BDA. En attendant des résultats, « les maladies du bois sont un drame national. A cause d’elles, au moins 12 % du vignoble français est improductif » déclarait Jean-Pierre Van Ruyskensvelde lors de la signature d'une convention entre l'IFV (qu'il dirige) et l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture, comme le rapporte la journaliste Christelle Steff (La Vigne).
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