'est avec l'appui d'une « vaste majorité de la filière viti-vinicole » que le Ministère Espagnol de l'Agriculture, de l'Alimentation et de l'Environnement (Magrama) vient de donner son accord au « retrait définitif du marché d'un maximum de 4 millions d'hectolitres de vins » ibériques, une sortie du marché sans subventions, qui sera à la seule charge de la filière. Annoncée par le directeur général des marchés agricoles du Magrama, Fernando Miranda, au terme d'une longue réunion ce 9 juillet avec les représentants du secteur (photo), cette décision se donne pour objectif d'apurer le marché espagnol, alors que la campagne 2013-2014 reste déstabilisée par les volumes pléthoriques du dernier millésime (l'Espagne a produit 50,6 millions hl de vins, en hausse de 41 % par rapport à 2012, faisant de l'Espagne le premier pays producteur mondial de vins en 2013). 3,5 à 4 millions hl de vins blancs sans indication géographique devront être distillés à des fins industrielles ou énergétiques dans les prochains mois, en application de l'article 167 de l'Organisation Commune du Marché Viti-vinicole (qui définit les « règles de commercialisation des vins, y compris les raisins et les moûts, portant sur la régulation de l’offre »).
Devant alléger les stocks à tout prix (et vider les chais avant la prochaine récolte), cette mesure d'urgence concerne tout particulièrement le vignoble de Castilla-La-Mancha. Présidant la Coordination des Organisations d'Agriculteurs et d'éleveurs (COAG), Alejandro García Gasco, a déclaré à la sortie de la réunion « qu'il n'y avait pas d'autre choix que d'accepter cette proposition ministérielle ». Devant prendre la forme d'un décret royal, ce dispositif est pourtant loin de faire consensus rapporte Tecnovino. Présent à la table des négociations, Ramón Gómez (secrétaire de l'Union des petits Agriculteurs et Eleveurs) a refusé de donner son accord au plan ministériel, estimant qu'au lieu d'un retrait sans compensation de volumes, il aurait fallu mettre en œuvre une distillation de crise subventionnée. Directeur général de l'Association des Entreprises Viti-vinicoles de Castilla-La Mancha (Vinos CLM), Manuel Civera estime également que « cette distillation obligatoire à coût zéro n'est pas rentable et porte préjudice à l'ensemble du secteur » selon LanzaDigital.
En 2013, le chiffre d'affaires du secteur viticole espagnol était de 4,4 milliards d'euros selon Magrama, en hausse de +6,4 % par rapport à 2012.
[Illustration : Magrama]