S'étant quelque peu emmêlé dans ses procédures, l'organisme intergouvernemental de gestion des noms de domaines web (ICANN) avait accordé 60 jours supplémentaires aux représentants du vignoble européen et aux entreprises candidates à la gestion des nouveaux domaines internet en « .vin » et « .wine » pour s'accorder sur les modalités de protection des Indications Géographiques. Frôlant le néant, ces échanges ont de nouveau été infructueux. Le délai de deux mois s'étant achevé, le doute n'est plus permis : la délégation des sites « .vin » et « .wine » se fera bien sans condition. Directeur de la Confédération Nationale des producteurs de vins et eaux de vie de vin à Appellations d'Origine Contrôlées, Pascal Bobillier-Monnot rapporte en effet que « l’ICANN nous a confirmé cette nuit que le processus de délégation des .vin et .wine était automatiquement relancé à défaut d’accord entre le secteur du vin et les sociétés candidates. La délégation de ces noms de domaine au mépris de la réglementation communautaire et nationale est désormais acquise. »
Sont également passées à l'as les prises de position de 34 gouvernements, de la Commission Européenne, du Parlement Européen... La vente au plus offrant des adresses prestigieuses font peser un risque de racket à toutes les organisations de gestion des IG souhaitant défendre leur nom sur internet. Souhaitant mettre à profit la prochaine réunion de l'ICANN pour poursuivre la lutte (du 22 au 26 juin à Londres), la CNAOC appelle les professionnels du vin au boycott en l'état des sites en « .vin » et « .wine ». La CNAOC demande également la mise en place d'une plate-forme listant (voire neutralisant) les sites s'étant appropriés illégitimement une indication géographique.
Mettant un terme à deux ans de « bras de fer », ce libéralisme annoncé dans la mise en ligne des nouveaux domaines de premier niveau générique (gTLD) est conforme à la volonté de trois pays producteurs (Australie, Etats-Unis et Nouvelle-Zélande), qui avaient déconseillé aux sociétés candidates de négocier. Ce qui souligne « les insuffisances du cadre actuel du modèle de l’ICANN et de sa gouvernance », comme le déplorait récemment le ministre du redressement productif et du numérique Arnaud Montebourg.