Nous sommes le seul tonnelier qui n'ait pas peur de mettre son nom sur des alternatifs » s'enorgueillit Nicolas Mähler-Besse, le directeur général de Seguin Moreau. S'il reconnaît que « l'on n'aura jamais les résultats de la barrique avec des alternatifs » (copeaux, douelles, staves...), il est convaincu que Seguin Moreau a toute sa place sur cette gamme, « en misant sur la qualité ». A cette fin, la maison charentaise vient de lancer œnofirst, sa première incursion dans les copeaux de vinification, après « deux ans de tests officieux ». Compactés sous la forme d'une bûche de 2 kilogrammes, les copeaux se désagrègent dans le moût, ce qui permet « un dosage précis dosage, un transport facilité et une utilisation sécurisée [les poussières étant un enjeu de sécurité en tonnellerie] » énumère Nicolas Mähler-Besse. Tout juste mis en vente, il semble déjà que l'enjeu de ce nouveau produit (décliné en 100 % non chauffé ou en mix chauffé/non chauffé) soit la gestion des approvisionnements face à une demande déjà soutenue.
Présenté au prochain salon Vinitech, œnofirst a bon espoir de briller par son approche à la fois innovante et technique. Catégorique sur le sujet, Nicolas Mähler-Besse estime que « le challenge de la tonnellerie pour demain, c'est d'être précis et répétable. D'autres misent sur la tradition, les séchages et la vente de forêt... Mais les châteaux veulent un style constant. » Dans le cas des fûts, la difficulté est désormais « de chauffer suffisamment les tannins du bois pour pouvoir en révéler la rondeur et la sucrosité, sans aller trop loin, et marquer le bois, mais tout en limitant la variabilité ». Ont été développés en ce sens la gamme Icône (qui analyse et sélectionne les bois selon leur grain et plus leur origine) et un laboratoire intégré pour garantir qu'aucune barrique Seguin Moreau n'est contaminée par le TCA ou son précurseur, le TCP (test des eaux d'échaudage).
Seguin Moreau fait partie du groupe Oeneo (Diam Bouchage, Sabate...), qui a réalisé un chiffre d'affaires de 151 millions euros sur l'année glissante s'achevant en mars (+12,1 % par rapport à la période précédente). 93,4 millions euros de ce chiffre d'affaires est issue de l' activité bouchage (+17,7 %) et 57,5 millions de la tonnellerie (+4,2 %). « Ce qui est très bien dans le contexte français, où nous prenons clairement des parts de marché à nos concurrents » souligne Nicolas Mähler-Besse. « A l'exception de la France, tous les marchés repartent à la hausse, la croissance est tirée par l'export [qui représente 80 % du chiffre d'affaires de Seguin Moreau] ». Affichant une croissance de 40 % sur l'année dernière, les ventes d'alternatifs représentent aujourd'hui 10 % du chiffre d'affaires de Seguin Moreau (avec les gammes existantes œnoblock, œnostave et œnostick), soit le même poids que l'activité grands contenants, qui tient quant à elle de « la charpenterie de marine » estime Nicolas Mähler-Besse. « On ne gagne pas beaucoup d'argent avec les foudres, mais on travaille l'image sur le long terme ». Comme avec les foudres aux douelles en plexiglas transparent, présentés en primeur dans les nouvelles caves du château Mouton-Rothschild.
[Photo : Nicolas Mähler-Besse ce 22 mai à Bordeaux]