és dans le berceau de l'abbaye de La Sauve Majeure (les moines en ayant été les premiers artisans), « il était important que les vins de l'Entre-deux-Mers viennent ici pour ce challenge » insiste Bernard Vincent, le président du Challenge des Vins de l'Entre-deux-Mers, événement qui se définit comme l'inverse d'un concours de dégustation (« on n'est pas ici pour des médailles, mais pour déclarer ''challenge'' les vins notés au-delà de 85/100 »). Réunissant une trentaine de jurés professionnels (courtiers, œnologues, sommeliers...), cette première édition aura passé au crible 178 échantillons*, issus de la multiplicité des appellations (Entre-deux-Mers, Bordeaux, Bordeaux Supérieurs, Côtes de Cadillac...) et couleurs (blancs, rouges, rosés et clairets, sans oublier moelleux et crémants) du vignoble local.
Diversité que souhaite accentuer la manifestation, afin de démontrer que le vignoble de l'Entre-deux-Mers ne se résume pas qu'à des vins blancs, comme les cartes du vignoble bordelais pourraient le laisser penser (« c'est généralement la seule zone colorée en vert » soupire Bernard Vincent). Satisfait des retours d'amateurs « surpris pas les rouges de la région », le président du syndicat viticole de l'Entre-deux-Mer, Stéphane Defraine, souligne que les « rouges de notre région ont besoin d'être valorisés et distingués pour ne plus être ramenés au rang de bordeaux génériques... » Vigneron dans l'Entre-deux-Mers (château de Fontenille, 56 hectares), il affirme que « pour comprendre la complexité des vins de Bordeaux, les marchés n'ont pas besoin de simplification, mais d'explications ».
Si les 5 000 hectares de vignes touchés par la grêle l'été dernier auront mis le vignoble de l'Entre-deux-Mers au centre de l'attention, « la coulure aura eu plus d'impact » estime Stéphane Defraine. Assistant aujourd'hui à des « regroupements et ventes de propriétés », il s'inquiète surtout du manque de nouvelles installations. Le constat est selon lui alarmant : « la viticulture girondine n'attire plus les jeunes, la non rentabilité n'a pas qu'un effet sur la trésorerie des domaines, mais aussi sur l'attractivité... » Optimiste, le président de l'ODG se félicite également de ce « premier challenge, qui arrive à fédérer les vins de l'Entre-deux-Mers », un premier pas vers « l'unité viticole nécessaire afin d'être plus efficace et permettre le développement œnotouristique ». A cet effet, le Challenge est soutenu par l'Office du Tourisme de l'Entre-deux-Mers, qui animera l'après manifestation en « donnant une information visible aux visiteurs, en leur parlant d'une seule et même voix » explique Rémi Planton (ODTEM)
[Photos : aperçu du Challenge de l'Entre-deux-Mers ce 16 mai, Alexandre Abellan (Vitisphere)]