lors que l'article L 251-20 du Code Rural prévoyait une amende de 30 000 euros, assortie de 6 mois de prison, le tribunal correctionnel de Dijon vient de condamner le vigneron Emmanuel Giboulot à une amende de 1 000 euros (dont 500 de sursis), pour ne pas avoir appliqué à ses 10 hectares de vignoble l'arrêté préfectoral imposant le traitement insecticide contre la cicadelle vectrice de la flavescence dorée. Suivant le réquisitoire du 24 février dernier, le tribunal a donc reconnu Emmanuel Giboulot coupable. Un jugement qui doit mettre un terme à l'affaire pour le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne, désormais « la profession préfère se concentrer sur la lutte contre la Flavescence Dorée, qui reste un enjeu majeur pour le vignoble bourguignon » annonce laconiquement un communiqué, qui affirme la démarche de développement durable de ses acteurs et leur volonté « de réduire au minimum le nombre de traitements insecticides, ainsi que la surface concernée ».
Si le nouvel arrêté préfectoral fixant le Périmètre de Lutte Obligatoire contre la flavescence dorée devrait être signé dans les prochaines semaines, l'affaire n'est cependant pas finie pour le principal intéressé. Emmanuel Giboulot souhaite en effet amener son dossier devant la Cour d'Appel. Selon l'eurodéputée Sandrine Bélier, l'appel de la décision du Tribunal de Grande Instance est déjà déposée. Le vigneron en biodynamie ne conteste pas tant son amende, symbolique, que le jugement de sa démarche alternative. Il personnifie désormais un combat qui pourrait se résumer au « en prison pour avoir refusé de polluer ! » que scande l'Institut pour la Protection de la Santé Naturelle, qui a porté la pétition de soutien au vigneron (523 000 signatures ce début avril). Maladie de quarantaine menaçant le vignoble français, la flavescence dorée est bien rentrée de plein pied dans le débat public, sans que tous les contestataires en aient bien saisi les enjeux.
Vigneron bio en Languedoc, Virgile Joly estime ainsi qu'il faut « alerter les viticulteurs, qui ont tendance à minimiser l'importance d'une maladie discrète mais en réalité très sournoise », car « seule une gestion collective nous permettra d'éradiquer la flavescence dorée qui, autrement, pourrait être le phylloxéra du XXième siècle » (cliquer ici pour en savoir plus). Ami d'Emmanuel Giboulot, le vigneron bergeracois Richard Doughty (président de France Vin Bio) nous confiait également qu'il « n'encourage en aucun cas un vigneron proche d'un foyer de flavescence dorée à ne pas traiter », précisant cependant que « dans ce cas personnel, le plan de traitement obligatoire a peut-être été excessif, il faut des périmètres réalistes pour éviter de baisser la garde... »
[Photo : Sandrine Bélier et Emmanuel Giboulot ce 7 avril au tribunal de Dijon (compte twitter de Sandrine Bélier)]