Bordeaux en primeurs : les vins 2013 prêts à faire leurs preuves

hamboule-tout : pour les notes Robert Parker Junior sur le millésime 2013 de Bordeaux, il faudra attendre fin juin et non pas la traditionnelle fin avril ! De retour aux Etats-Unis après sa tournée asiatique, le critique américain ne sera pas de la semaine des primeurs qui vient de s'ouvrir, ce qui ne veut pas pour autant dire qu'il est absent de la place de Bordeaux. En attestent ses récentes notes sur le millésime 2011, désormais embouteillé, « il faut bien que quelqu'un le fasse ! » a-t-il déclaré via son compte Twitter. Les seuls Bordeaux 2013 à être présents dans la prochaine édition du Wine Advocate seront donc les Sauternes (tout juste dégustés par Neal Martin). Si certaines mauvaises langues y voient la confirmation que les bordeaux 2013 sont à oublier, d'autres pressentent la fin d'une époque, accélérée par la santé affaiblie de Robert Parker.

Quels que soient les futurs commentaires de dégustation du gourou du vin, les opérateurs de Bordeaux ont déjà pris leur décision : il faudra baisser significativement les prix ! Le vignoble girondin a les yeux rivé sur les Grands Crus Classés de 1855, et leur stratégie. « On attend qu'ils dévoilent leurs prix » nous confiait un propriétaire de Listrac-Médoc, « ils sont supposés être exemplaires, en théorie j'entends ! Mais comme on murmure qu'ils proposeraient peu de volumes en premier vin... » Cinquième grand cru classé de Pauillac, le château Pontet-Canet a fait le choix de surprendre, en proposant ses allocations à la place de Bordeaux avant même le début de la semaine des primeurs, avec un prix identique au 2012 (60 euros prix de sortie). « La demande est plus importante que notre production. Ceux qui ont confirmé leurs allocation en demandent le double » expliquait à la revue Harper's Mélanie Tesseron, co-propriétaire de Pontet Canet et confiante dans le potentiel de son vin.

Plus globalement, les faibles volumes produits en 2013 pèseront indubitablement sur l'équilibre qui devrait amener à une baisse « raisonnable, il ne faut pas non plus casser le cycle de valorisation amorcé » ajoutait le propriétaire de Listrac-Médoc, qui attend désormais les retours des dégustateurs et acheteurs professionnels, qui veulent juger sur pièce ce millésime tant critiqué. Et par rapport à la calamité annoncée, les surprises semblent plutôt bonnes. « Le privilège de ce millésime est le fruit » estime d'ores et déjà Bill Blatch (consultant pour Christie's), tout juste atterri à Planète Bordeaux pour la dégustation des Bordeaux et Bordeaux Supérieurs. « Il n'y a pas trop de structure, on sent que les vignerons n'ont pas voulu trop pousser l'extraction. Parfois, cela pose quand même des problèmes de structure ou de boisé... » Si les Bordeaux 2013 peuvent espérer répondre aux attentes des consommateurs, avec leur accessibilité dans le verre, il reste à voir quelle sera l'orientation des prix pour satisfaire les marchés.

 

 

[Photo : détail de l'étiquette du Château Bossuet 2013, telle que présentée ce 30 mars à Planète Bordeaux]