n pourparlers depuis juillet 2013, le Partenariat Transatlantique de Commerce et d’Investissement entre l'Union Européenne et les Etats-Unis promet toujours « d'éliminer les barrières commerciales dans de nombreux secteurs économiques afin de faciliter l'achat et la vente de biens et de services », selon la Commission Européenne. Tout ambitieux qu'il soit, ce pacte commercial ambitieux laisse sceptique les professionnels du vin. Comme nous le confiait l'an dernier le négociant rhodanien Michel Chapoutier : « en quoi un tel accord pourrait-il aider les vins français à l'exportation ? Pour nous le vrai problème ne se situe pas au niveau des taxes, mais de la législation intérieure : les licences dans chaque Etat, l'interdiction de vente directe aux particuliers... » Encore plus réservés, les délégués du bureau de l’Assemblée des Régions Européennes Viticoles (réunis mi-mars à Baranya, en Hongrie) se basent sur « l'expérience décevante » du précédent accord bilatéral sur le commerce du vin (passé en 2005 entre l'Europe et les Etats-Unis) pour souligner que « les améliorations tarifaires ou la suppression de droits de douane à obtenir sont un avantage négligeable par rapport aux effets pervers des manipulations unilatérales de taux de change ».
Craignant que la filière viticole européenne ait plus à perdre qu'à gagner avec l'accord de libre-échange, l'AREV vient d'interpeller la Commission Européenne pour qu'elle ne sacrifie pas son vignoble. Le sujet de la protection des Indications Géographiques reste au cœur des revendications des représentants du vignoble européen, qui exigent « de conditionner [l'accord] à l’obtention du renoncement définitif des Etats-Unis à utiliser, tant sur leur marché intérieur qu’à l’exportation, les indications géographiques européennes, dites semi-génériques (Burgundy, Champagne, Chablis, Sauternes...) et les mentions traditionnelles européennes (château, classic, clos, cream, late bottled vintage, ruby, superior, sur lie, tawny...) ». Pour l'AREV, l'enjeu est également technique, « dans la mesure où les USA ont quitté l’Organisation Internationale de la Vigner et du Vin en 2001, précisément parce qu’ils n’ont pas souhaité se lier aux normes établies ». Ils exigent ainsi des Etats-Unis que les vins expédiés en Europe mettent en application « les seules pratiques œnologiques reconnues par l’OIV ». L'AREV demande également l’exemption du certificat d’approbation de l’étiquette (COLA) pour les vins européens et la reconnaissance du règlement européen sur les vins biologiques (faute de reconnaissance réciproque, les vins bio européens restent « issus de raisins bio » aux Etats-Unis).
[Illustration : photo issu du rapport « TIPP : qui bénéficie d'un accord de libre échange » publié par la fondation Bertelsmann]