es gelées de septembre, les vents chauds lors de la floraison et le déficit hydrique estival laissaient peu de place au doute : la production argentine de vins allait marquer le pas en 2014. Avant même le début des vendanges, l'Institut National de la Viti-viniculture (INV) prévoyait une réduction de 10 à 15 % du potentiel de récolte, Alors que les vendanges touchent à leur fin, ces estimations viennent d'être revues à la baisse : l'Argentine aurait récolté 20,96 millions de quintaux de raisins cette année, en baisse de 27 % par rapport à 2013. Cette diminution touche l'ensemble des régions viticoles argentines : -27 % à Mendoza (14,58 millions de qx), -30 % à San Juan (5,04 millions qx), -21 % à la Rioja (697 000 qx)... et jusqu'à -60 % à Cordoba (4 500 qx).
Les professionnels s'inquiètent que cette petite vendange puisse s'avérer encore plus faible au final, une fois que les chiffres seront connus avec certitude. D'après Guillermo García, le président de l'INV, il s'agirait de « l'une des plus faibles récoltes de ces trente dernières années, avec une baisse d'environ 5 millions d'hectolitres de vins par rapport à 2012 ». Avec moins de 21 millions de quintaux, le vignoble se rapproche en effet des niveaux planchers des années 1990 (20,8 millions qx en 1991, 19,4 en 1993, 20,4 en 1996, 20 en 1998). S'alarmant de cette petite récolte et des petites disponibilités, la filière argentine en appelle désormais au soutien du gouvernement, alors que la décision de ce dernier de dévaluer le peso argentin affecte déjà les exportations de vins.
Le vignoble argentin s'apprête donc à passer une année 2014, aux enjeux de productivité et de taux de change s'ajoutant également ceux de compétitivité. L'œnologue Aurelio Montes (propriétaire de la bodega Kaiken, 120 hectares) déclarait ainsi à la revue Area del Vino que « les coûts de la main d'œuvre ont augmenté de manière exponentielle : représentant désormais quasiment 60 % des coûts de production ».
[Photo : vendanges à la Bodega Altos Hormigas]