éunie ce 28 janvier pour son sixième Forum Environnemental, la Filière des Vins de Bordeaux faisait le point sur son bilan carbone. D'après l'agence Carbone 4, l'ensemble de la filière girondine a émis (directement et indirectement) 770 000 tonnes d'équivalent dioxyde de carbone en 2012. Soit une réduction de 5 % en cinq ans des émissions de gaz à effet de serre imputables aux vins de Bordeaux. Responsable du projet pour Carbone 4, Stéphane Amant définit le CO2 comme une unité de compte physique, qui permet de mesurer la dépendance d'une activité aux ressources énergétiques. Convaincu que le bilan carbone « n'est pas que lubie d'environnementaliste », il soulignait avec force le lien de cette comptabilité avec la facture énergétique des exploitations (lien qui ne sera que plus accrue avec fiscalité CO2 article 75 Grenelle 2)
Par rapport aux 840 000 tonnes CO2 équ* de 2007, la réduction enregistrée en 2012 est essentiellement due à un poste : celui des matériaux intrants (en repli de 40 % par rapport à 2007). Dans les faits, cette diminution est même due à un seul intrant : le verre. Ayant misé sur un recyclage croissant de son matériau, une baisse du poids de ses bouteilles, et une réduction de ses émissions, la filière du verre est donc pour beaucoup dans cette évolution du bilan carbone des vins de Bordeaux. On ne peut guère imputer à la filière de Bordeaux que le recul de la commercialisation de ses vins en bouteilles (-10 % sur cinq ans). En s'orientant résolument vers l'export (notamment asiatique), Bordeaux est également à l'origine de la hausse notable de ses émissions de fret (+20 %, notamment par bateaux et avion).
Il est à noter que 75 % de l'empreinte carbone bordelaise est concentrée par les matériaux intrants (39 %), le fret (22 %) et l'énergie des exploitations et du négoce (14 %). La première limite du bilan carbone est sa marge d'erreur (qui s'élevait à 30 % pour les résultats de 2012. Le Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux précise cependant que malgré cette incertitude, les résultats restent fiables. Rappelant les objectifs du plan 2020, Bernard Farges (président du CIVB), « la première étape de collecte de données, en 2007 et 2012, va permettre d'améliorer le bilan carbone de la filière : le développement durable n'est pas un vœu pieux ! » Associé fondateur de Carbone 4, Jean-Marc Jancovici précise cependant que l'évolution prometteuse des émissions doit être maniée avec précaution, pouvant être « trompeuse, les actions de réduction les plus simples et ou abordables se font en premier ! Ensuite, il est plus difficile de réduire significativement les émissions. »
* : le taux de CO2 de 2007 a été recalculé en 2013 avec le nouveau protocole de Carbone A, pour permettre les comparaisons avec les chiffres de 2012 (en 2008, le taux communiqué était de 200 000 tonnes exprimées en carbone).