e Johannesburg à Cape Town, le proverbe est sans appel : vous n'avez pas vu l'Afrique du Sud tant que vous n'avez pas vu les Big Five (buffle, éléphant, léopard, lion et rhinocéros) ! Pour le groupe sud-africain Distell, il semble que l'on ne soit une maison de Cognac qu'une fois intégré le top 5 des producteurs de cognacs. Ayant racheté la marque et les stocks Bisquit au groupe Pernod-Ricard en 2009, le géant sud-africain investit sans compter pour y parvenir : de l'achat (et la rénovation) du château Pellisson à l'acquisition soutenue de stocks d'eaux-de-vie. Si le chiffre d'affaires de la maison est confidentiel, son volume de commercialisation dépasse aujourd'hui les 100 000 caisses par an, l'objectif étant de le tripler pour 2020.
Président de Bisquit, Vincent Chappe se rappelle « la responsabilité de prendre une marque bicentenaire et de la dépoussiérer. Car il y en avait besoin... Dans les années cinquante, Bisquit était la troisième maison de cognacs ! » Avec 300 000 caisses par an, Bisquit deviendrait la cinquième maison de cognacs en volume, damant le pion à Camus et talonnant Courvoisier. Pour soutenir cette ambition, Vincent Chappe précise ne pas « miser sur un produit mais sur toute une gamme ». Les classiques VS (50 % des volumes), VSOP (30 %), Prestige (10 %) et XO (10 %) seront à terme complétés par une cuvée Extra (dont la coupe intègre des eaux-de-vie remontant jusqu'à 1947) et des séries limitées originales (notamment les premières et dernières eaux-de-vie du millénaire, coulées sous contrôle d'huissier respectivement le 31 décembre 2000 et le premier janvier 2001).
La grande originalité de la maison Bisquit reste sa méthode de longue distillation, avec une coupe reculée au maximum lors du coulage du cœur. Si certaines maisons critiquent cette technique, jugeant que des secondes sont passées dans le cœur, les résultats sont là, aussi qualitatifs que quantitatifs pour Denis Lahouratate. Pour le maître de chai de Bisquit, « ce n'est pas la méthode révolutionnaire, mais en ralentissant la pression en gaz, et les flux de vapeur, on peut mieux gérer la coupe » avec au final « une eau-de-vie plus grasse, ronde et équilibrée et 10 à 15 % de volumes en plus. »
En 2013, la production de la maison Bisquit atteindrait les 10 000 hectolitres d'alcool pur. Déjà présent sur le marché des cognacs avec la cuvée XO de sa marque Richelieu, Distell soutient le développement export de Bisquit (90 % des ventes à l'étranger), notamment sur les marchés africains type Angola et Nigéria précise Loïc Rakotomalala (ambassadeur international de Bisquit).
[Illustrations : Affiche d'Alfons Mucha pour la maison Bisquit (cabinet des curiosités) ; Photo : l'équipe de la maison Bisquit (de gauche à droite Vincent Chappe, Loïc Rakotomalala et Denis Lahouratate)]