vec plus de 1 000 exposants annoncés pour sa sixième édition, la Hong Kong Wine Fair affiche non seulement un record, mais aussi l'intérêt maintenu des opérateurs du vin pour le marchés asiatiques. Un optimisme que ne va pas de soit quand on voit les dernières grandes tendances à l'export. Dans ses dernières publications, le groupe Pernod Ricard affiche en effet des performances en demi-teinte sur les marchés émergents, un « ralentissement de 2 % » sur le premier trimestre 2013-2014 particulièrement « amplifié par la forte base de comparaison (+13 % au lors du premier trimestre 2012-2013) et par la Chine ».
Mettant un terme à des années de développement exponentiel de la consommation, ce repli serait la conséquence de la campagne anti-corruption du nouveau président chinois, Xi Jinping. Plus que l'affaire des phtalates ce début d'année, le phénomène « mains propres » aurait tout d'un effet technique défavorable pour les ventes de vins et spiritueux haut de gamme. Comme nous le confiait Allan Sichel (président de l'Union des Maisons de Bordeaux), les importations chinoises « diminuent en valeur avec la réduction de la demande de grands crus, suite au holà gouvernemental sur les achats ostentatoires ». Considérant que cette tendance « n'est pas le reflet des capacités de Bordeaux et de la France à exporter vers la Chine », il n'en est que plus confiant dans l'avenir de ce marché, au terme d'un repositionnement de sa demande.
Président de la Fédération des Exportateurs de Vins & Spiritueux de France, Louis-Fabrice Latour, nous faisait part d'une analyse moins optimiste, craignant que les procédures anti-dumping et anti-subventions de l'Etat Chinois ne mettent en péril la position hégémonique des vins français. Pour lui, « les chiffres des vins et spiritueux français en direction de la Chine ne sont pas très bon... -12 % en valeur sur les huit premiers mois de 2013 », alors que globalement « le marché est toujours en expansion ! » Sur les neuf premiers mois 2013, les importations asiatiques ont cependant tendance à se replier, plus en volume qu'en valeur. En Chine, les vins hispanophones se développent particulièrement, le vrac chilien supplantant progressivement celui européen, tandis que l'Espagne « se développe de manière extraordinaire, surtout en valeur » selon l'Observatoire Espagnol des Marchés du Vin, qui tire pareilles conclusions en Corée du Sud et à Hong-Kong. Du 7 au 9 novembre, l'Espagne est d'ailleurs le pays partenaire de la Hong Kong International Wine & Spirits Fair. La Chine en particulier, et l'Asie en général, ne sont décidément plus les marchés conquis que se plaisait à imaginer la filière française.
[Photo : Hong Wine Fair]