ntre deux épisodes pluvieux, les vignerons des Côtes de Bourg se dépêchent de démarrer leurs vendanges. Au château Fougas, Jean-Yves Bechet a ainsi choisi de faire rentrer en scène sa machine à vendanger. Pour lui, « le mieux reste de vendanger manuellement, mais il faut savoir faire le choix entre vendanger à la machine des raisins sains ou récolter à la main des raisins pourris ! » Importateur de vin et spiritueux à la retraite, le néerlandais Docus Boomsma (château Beaulieu) témoigne d'une forte pression du botrytis ce millésime. « Ce n'est pas drôle d'être vigneron cette année ! » concède-t-il. « Nous venons juste de lancer les vendanges. » Cette pression sanitaire conclue un millésime globalement délicat dans le vignoble des Côtes de Bourg, qui, s'il a échappé à la grêle (le millésime 2009 reste cependant dans les mémoires), a été marqué par le millerandage et la coulure. Notamment la mauvaise fécondation des fleurs de merlot. Cet état du vignoble est assez représentatif de celui de Bordeaux en général, 2013 serait une « année plus à Médoc, qu'à Saint-Emilion » peut-on déjà entendre.
S'il est prématuré de juger de la qualité, la question épineuse est bien celle de la quantité. Les rendements inquiètent Dominique Bonnet (château de Broglie), « on ne sait toujours pas jusqu'où l'on descendra ! » Il reste soulagé par « le développement des ventes en bouteilles. Le vrac est une catastrophe, on est bien en dessous du prix qu'il faudrait. » Alors que les disponibilités s'annoncent faibles, la hausse des cours attendue pourrait être se heurter à la réticence du réseau de distribution. Comme en témoigne Docus Boomsma, « j'ai été assez longtemps importateur pour savoir que si tu augmentes trop ton prix, il y a un autre château qui peut faire l'affaire... »