e premier août, la ministre des Affaires Sociales et le ministre de l'Agriculture, Marisol Touraine et Stéphane Le Foll s'entretenaient avec les partenaires sociaux pour préparer la réforme des retraites dans le monde agricole. Au terme de la concertation, les ministres annonçaient les deux mesures phares « en faveur des petites retraites agricoles » : « l'extension de la Retraite complémentaire obligatoire (RCO) aux conjoints et aides familiaux pour les retraités actuels » et le « portage à 75% du SMIC du montant des retraites des carrières complètes des chefs d’exploitation ». Regrettant d'être reçus aussi tardivement, les représentants syndicaux se sont montrés réservés face à ces premières propositions, demandant un effort supplémentaire pour « mettre à plat les règles de l'ensemble des régimes » (FNSEA). Présentée à la fin août au Conseil des Ministres, la réforme des retraites agricoles a globalement déçu, la discrimination entre les agriculteurs et les autres régimes n'ayant pas été résolu (la Coordination Rurale estime que « les retraites des agriculteurs sont égales à 43 % du montant des retraites de l’ensemble des régimes »).
Le gouvernement a cependant confirmé la « garantie d’une pension minimale de 75% du SMIC pour un carrière complète » et ajouté « l'attribution de droits aux conjoints et aides familiaux au titre des années antérieures à la création du régime complémentaire ». Mais la Coordination Rurale juge le « minimum garanti bien insuffisant » et rappelle que cet engagement du candidat François Hollande « n’a rien d’une annonce spectaculaire, puisque cette promesse date déjà de 10 ans ». Même son de cloche pour la Confédération Paysanne, qui annonce que « l'étape suivante doit être d'atteindre un minimum de 85 % ».
La question du financement de cette revalorisation « a minima » est peut être la plus épineuse. Si la brochure de présentation de la réforme des retraites annonce que la mesure est « autofinancée par des réductions de niches sociales appliquées aux exploitations », son impact est loin d'être jugé neutre par les syndicats agricoles qui craignent un nouveau poids pour l'agriculture française. La FNSEA rappelle qu'alors « que François Hollande avait pris l’engagement d’un financement par la solidarité nationale, le Gouvernement fait le choix de faire supporter l’intégralité des mesures aux actifs agricoles d’aujourd’hui ». « Le poids des charges sociales pèse déjà trop lourdement sur la compétitivité de l’agriculture française et étrangle les agriculteurs, d'autant plus lorsqu'ils sont employeurs de main-d’œuvre agricole » ajoute la Coordination Rurale.
[Illustration : détail de l'album Astérix en Corse, par René Goscinny et Alain Uderzo]