epuis que les douanes chinoises ont bloqué des vins et spiritueux à cause de contamination aux phtalates, le vignoble français est agité par la problématique de ces relargages plastiques. D'abord inquiets pour le maintien de leurs débouchés asiatiques, les vignerons se posent désormais des questions sur la qualité de leurs produits. En témoignent le nombre croissant d'analyses de précaution enregistré par les laboratoires oenologiques, ainsi que les reports d'investissements en cuverie.
Oenologue pour les laboratoires Dubernet, Marc Dubernet veut calmer les passions naissantes. Pour lui « les phtalates que l'on retrouve dans le vin ne sont présents qu'à très faible concentration, sans risque alimentaire ni danger particulier. Les précautions prises garantissent la sécurité du consommateur, mais on ne doit pas se satisfaire d'une situation réglementaire floue. » Marc Dubernet nous rapporte également que les Etats Membres ont choisi la voie diplomatique afin de résoudre les blocages chinois. Les récentes déclarations de la ministre du Commerce Extérieur, Nicole Bricq témoignent de cette prise en main politique, afin d'arriver rapidement à un dénouement n'altérant pas l'image des produits français.
La filière est habituée aux alertes aux contaminations diverses (Ochratoxine-A, amines biogènes...) qui retombent aussi rapidement qu'elles ont éclos. Mais la question des résidus de phtalate pourrait se poser durablement car elle pourrait pousser la filière à se détourner de matériaux exposant leurs utilisateurs à des relargages intempestifs dans les vins. Les questions d'entretien et d'affranchissement de la cuverie resteront essentielles, mais la sélection attentive du matériel de cuverie prendra une nouvelle importance.
Dans un récent bulletin technique, les laboratoires Excell estiment que "les récipients en polyéthylène haute (PEHT) ou basse densité (PET) et en polypropylène (PP) ne devraient pas contenir de phtalates en quantités notables ; le polychlorure de vinyle (PVC) et ses dérivés sont en revanche des sources de contaminations importantes", comme "les résines à base époxy". Il est à noter que d'après les textes européens (REACH, amendement de février 2011), l'utilisation de 5 phtalates (DEHP, BBP, DBP et DIBP) ne sera plus permise en Europe en 2015 que suite à une autorisation préalable, au cas par cas pour ces molécules jugées préoccupantes pour la santé.
[Illustration : La boîte de Pandore, de John William Waterhouse]