es vignerons indépendants de France et leur président Michel Issaly se félicitent de compter dans leurs rangs déjà deux adhérents certifiés HVE (Haute Valeur Environnementale), les champenois Michel Loriot (président de sa fédération régionale) et Jean-Pierre Vazart. Respectivement propriétaires de 7 hectares dans la Vallée de la Marne et de 11 ha en Côte des blancs, les deux vignerons, qui commercialisent à 100%, étaient déjà très actifs dans la démarche Qualenvi.
Ce référentiel multithématique (hygiène, traçabilité, management de la qualité, organisation des espaces de travail, satisfaction client, agriculture raisonnée au vignoble, chai, conditionnement), qui leur a permis dans un premier temps de « se mettre en ligne avec toute la réglementation » dans une grande variété de domaines de gestion, les a également amenés à mettre en place des pratiques environnementales qui se sont avérées suffisantes pour accéder au niveau 2 de la démarche HVE, puisque la certification Qualenvi a été officiellement acceptée comme équivalente à ce niveau (de même que les référentiels Terra Vitis, Agriconfiance, Area Aquitaine, SME du CIVB, ainsi que la qualification Agriculture raisonnée du ministère). Mais c'est aussi grâce aux outils de suivi administratif de Qualenvi qu'ils ont pu mesurer leur performance dans le domaine, comme le demande le niveau 3, le seul qui donne accès à la certification HVE et à l'autorisation de mentionner les termes « haute valeur environnementale » sur les étiquettes.
Alors qu'aujourd'hui tout le monde peut prétendre sans preuves faire de l'agriculture raisonnée, les deux vignerons se disent satisfaits du fait que dans cette démarche, « on est tenus d'avoir des résultats, ce qui permet de communiquer sérieusement » sur des pratiques parfois anciennes chez eux, comme l'enherbement, la maîtrise des intrants, la préservation de l'eau, ou encore la biodiversité. C'est surtout ce dernier point qui peut représenter une véritable nouveauté pour les vignerons déjà bien engagés dans les démarches environnementales. D'une part, le label vérifie qu'une partie de l'exploitation est affectée non pas directement à la production, mais à la préservation de la biodiversité ; d'autre part, des pratiques comme la plantation de haies pour héberger la faune, ou encore l'implantation de ruches, mais encore la présence de zones buissonnantes, et même d'éléments de paysage et d'histoire viticole comme les murets, les terrasses, les talus et les cabanes vigneronnes, sont valorisées.
Pour Michel Issaly, « des gens qui ne sont pas forcément attirés par le bio peuvent être intéressés par cette démarche, en particulier pour le volet biodiversité, qui ne passe pas forcément par l'agriculture biologique, en particulier dans des régions où le climat rend le passage à la bio difficile. » Selon lui, au-delà du monde vigneron, « l'ensemble de l'agriculture française doit croire dans ce label » qui permet de « mettre de la cohérence dans la communication de toutes les pratiques environnementales ». Mais il rappelle également que la communication sur le label devra être le fait de ceux qui le portent, et qu'il n'y a pas d'aide spécifique prévue pour financer la certification, dont les coûts sont évalués à « environ 800 à 1000 euros, en fonction de la taille de l'entreprise », selon Fabien Zedde, directeur de l'organisme certificateur Ocacia. Enfin, si l'initiative est seulement française pour l'heure, il souhaite qu'elle devienne européenne. L'objectif du groupement est que la cinquantaine d'adhérents présents dans Qualenvi rentrent dans la démarche HVE, et qu'ils soient suivis par le maximum d'autres adhérents.