L’accession à l’AOP Duché d’Uzès aura été un long parcours pour les producteurs de l’appellation gardoise.
Au début des années 90, quand la réflexion engagée au niveau du département aboutit à la disparition des vins de pays de petite zone, les producteurs du Duché d’Uzès s’engagent dans une démarche de reconnaissance en AOC. A l’époque, la première étape est le passage en AOVDQS (Appellation d’Origine Vin de Qualité supérieure). Le syndicat dépose un dossier à l’INAO qui donne son feu vert, mais peu de temps après, la réforme de l’OCM bouscule la donne en supprimant cette catégorie des VDQS.
Pour s’assurer de la protection du nom Duché d’Uzès et de l’enregistrement dans le fichier européen e-Bacchus, le syndicat dépose alors à Bruxelles un dossier d’enregistrement en IGP. En parallèle, le syndicat des producteurs poursuit sa démarche pour l’accession en AOP. Et obtient le 29 juin dernier un avis favorable du Comité national de l’INAO.
Problème : cette décision doit être validée par Bruxelles, mais le dossier déposé en 2011 pour l’enregistrement en IGP Duché d’Uzès n’a pas encore été traité par la Commission européenne qui a jusqu’à fin 2014 pour examiner ces dossiers. Le syndicat, récemment agréé comme ODG, a donc déposé à l’INAO une demande d’annulation du dossier IGP, qui doit être examinée lors du prochain comité IGP à l’INAO le 17 juillet prochain. Si elle est validée, cette décision nécessitera ensuite une enquête publique de deux mois, avant que la demande puisse être transmise à Bruxelles.
« Nous faisons tout pour que Bruxelles examine au plus tôt notre requête. J’ai eu des contacts récents avec le Ministère de l’Agriculture pour voir comment présenter notre dossier, mais nous n’avons aucune garantie sur les délais », confie Michel Souchon, le président de l’ODG (organisme de gestion) qui espère malgré tout que le dossier aboutira début 2013.
Pendant ce temps, l’INAO va poursuivre le processus de reconnaissance en AOC avec le travail de délimitation parcellaire, d’ores et déjà engagé. « Nous avons d’ores et déjà fait un travail de pré-délimitation parcellaire avec la chambre d’agriculture qui devrait permettre de gagner du temps. Nous devrions connaître d’ici la fin de l’année la première liste de parcelles qui entre dans la délimitation parcellaire. Et nous nous sommes donné 5 ans pour parachever cette première délimitation », explique Michel Souchon.
L’actuelle IGP Duché d’Uzès s’étend sur 77 communes du Gard. Elle concerne 15 caves coopératives et 49 caves particulières. Le volume de production annuelle s’élève à 9 000 hl. « Dès cette année, nous recommandons à tous les producteurs de se caler sur le cahier des charges de l’AOP, ce qui induit un rendement de 48 hl/ha en rouge au lieu de 50 hl/ha en IGP, le rendement de 55hl/ha en blanc et rosé restant inchangé ». Au cas où Bruxelles se prononce plus rapidement que prévu.
Une chose est sûre, les producteurs de Duché d’Uzès ne manquent ni de patience, ni de persévérance….