our les prochaines vendanges, les vignobles du sud de la France n’ont plus droit à l’aide aux moûts concentrés et moûts concentrés rectifiés accordés jusqu’ici par l’Europe. Pour maintenir l’équité avec les vignobles du nord qui, eux, ont le droit de chaptaliser, il n’est pas exclu que l’autorisation de chaptaliser soit autorisée à titre dérogatoire dans le Sud pour la prochaine campagne. Cette solution est loin de satisfaire tous les producteurs méridionaux. La Confédération Française des Vins De Pays (CFVDP) s’est faite leur porte-parole. Elle alerte les pouvoirs publics sur les écueils de cette solution et les tanne d’explorer d’autres pistes pour préserver l’enrichissement avec les moûts concentrés et moûts concentrés rectifiés.
« C’est une décision dramatique pour notre vignoble. La suppression des aides à l’enrichissement va coûter 2 millions d’euros à la viticulture gersoise. Et ce surcoût ne tient pas compte de l’actuelle envolée des cours des moûts concentrés (MC) et moûts concentrés rectifiés (MCR) en Espagne. Du fait de la faible récolte espagnole, le coût de l’enrichissement est passée de 3 à 5 €/hl ». Michel Defrances, viticulteur gersois, président de l’interprofession des vins du Sud-Ouest et secrétaire général de la CFVDP, est catastrophé. « Depuis deux ans, nous interrogeons France Agrimer pour trouver des solutions à cette situation qui pénalise les vignobles du sud. Sans succès. Et la seule réponse qui nous a été apportée lors du dernier conseil de direction de France Agrimer, c’est la possibilité d’avoir recours à la chaptalisation, qui ne correspond pas à nos attentes ». La CFVDP s’est élevée contre cette décision. « Les producteurs du sud de la France ne sont pas équipés pour chaptaliser leurs vins. Il faut de la cuverie supplémentaire pour diluer le sucre, des agitateurs… C’est une technique que les régions du sud ne maîtrisent pas ».
Qui plus est, les producteurs redoutent des problèmes d’approvisionnement en saccharose. Enfin la suppression des aides à l’enrichissement pose également le problème du devenir de ces moûts jusqu’ici destinés à la production des Moûts Concentrés et Moûts Concentrés Rectifiés. « Ce sont l’équivalent de 3 à 4 millions d’hl de vins blancs espagnols qui vont se retrouver sur le marché. Quand on voit comme les cours de nos vins blancs sont fragilisés les années où les Charentais écoulent en vin blanc quelques centaines de milliers d’hl, je n’ose imaginer l’impact qu’auront ces millions d’hectolitres supplémentaires », s’alarme Michel Defrancès.
Face à ces protestations, FranceAgrimer a à nouveau saisi le Ministère, qui a promis d’explorer de nouvelles voies, sans toutefois s’engager sur des délais. « On pourrait imaginer une aide à la production de MC et MCR, qui permettrait de relancer une production endogène ou de faire diminuer les coûts des MC et MCR », suggère Aurélia Souchal parmi d’autres pistes à creuser. Une chose est sûre, la solution miracle ne pourra être trouvée avant les prochaines vendanges. La seule alternative pour cette campagne dans le sud de la France sera donc la chaptalisation, sous réserve que l’INAO pour les AOP et IGP et France Agrimer pour les VSIG, donnent leur feu vert. Pour le moment, l’arrêté est en cours de validation pour permettre, lla « déconcentration de la procédure ». Autrement dit, ce seront désormais les préfets de région qui donneront l’autorisation d’enrichir les vins, après instruction des demandes par l’INAO et France Agrimer.
(Source photographique : Grap'Sud, la Gardonnenque)