Bordeaux, 5 000 visiteurs professionnels participent à la semaine des primeurs 2011. Venus du monde entier, ces invités sont essentiellement des acheteurs, mais on compte également plus de 250 journalistes. Les premiers avis sur ce millésime 2011 sont contrastés (pour lire l'interview de Stéphane Derenoncourt, cliquez ici). Ou du moins ils ne sont pas aussi tranchés qu’ils l’étaient pour les « exceptionnels millésimes 2008, 2009 et 2010 ».Dans un rapport sur ce millésime, le professeur d’oenologie Denis Dubourdieu le résume à un « cas étrange de millésime précoce, avec un été commençant au printemps et se retrouvant à l’automne ».
En théorie, tout devrait concourir à une baisse importante et globale du prix des vins en primeurs. Cependant, le fait que le millésime 2011 ne soit pas aussi décevant qu’annoncé pourrait bien inverser cette dynamique. Alors que Robert Parker pressentait que « le millésime 2011 n’aurait aucun intérêt », il a récemment revu ce jugement.
De nombreux dégustateurs déclarent également (via le réseau Twitter) que de célèbres domaines ont réussi à produire de grands vins. Mais pour ce faire ils ont dû prendre des risques, réaliser de très sévères sélections à la vigne et investir dans le travail en cave. Ainsi la production de Cos d’Estournel aurait été réduite de 50 % par rapport à 2010.
Les professionnels notent la foison d'événements (une quarantaine, a compté César Compadre de Sud-Ouest, rencontré aux primeurs des Crus de Domaines de France du groupe Grands Chais de France). Dans les salles de dégustation, la clientèle chinoise est présente, même si Bordeaux espère que le redressement économique américain lui permettra de reconquérir également cette clientèle. L'affaire n'est pas nécessairement bien engagée : les acheteurs américains rechignent devant les années moyennes. Ou alors il faudrait faire une bonne affaire, mais les marges de manoeuvre varient selon les propriétés : le Dr Alain Raynaud a emmené le Cercle des vins de la rive droite dans une expédition pre-primeur aux Etats-Unis et en Angleterre où il a pu constater que "nos clients attendent une baisse de prix mais baisser les prix de 50 %, c'est faisable pour une bouteille à 500 €, pas pour une bouteille à 15 €. Dans ce cas précis, cette baisse reviendrait à faire tomber le prix sous la limite du coût de production de cette vendange".