e 12 mars dernier, l’Association Générale des Entreprises Viticoles (AGEV), qui représente les entreprises françaises de négoce, a convoqué la presse pour faire état de la position des metteurs en marché sur la question des droits de plantation.
Ghislain de Montgolfier (au centre sur la photo), son président, a commencé son intervention en évoquant l’étude que le professeur Etienne Montaigne a récemment réalisée sur le sujet à la demande de l’association des régions européennes viticoles (disponible en cliquant ici) « L’étude montre que le sujet est d’une rare complexité, et que tout simplisme dans un sens ou dans l’autre est dangereux. » Ce jugement justifie la position de l’AGEV, qui, même si elle n’est pas contre l’idée d’une régulation de la production qui pourrait prendre la forme de droits de plantation, elle ne plaide pas pour la mise en place d’un dispositif général commun à toute l’Europe. Nicolas Ozanam, délégué général, a plutôt plaidé pour que soit inscrit dans la législation européenne la possibilité pour chaque état membre d’adopter un dispositif de régulation s’il le désire, et qu’il gérera comme il l’entend. C’est pour cette raison que l’AGEV demande que soit débattue dès maintenant la question de la gestion concrète de ces droits en France, en particulier par les interprofessions et les conseils de bassin, alors qu’elle est aujourd’hui le fait des ODG.
Cette position est cohérente avec la formulation qu’en faisait Jérôme Despey (voir l'interview de Vitisphere en cliquant ici), qui reprochait au négoce de ne pas vouloir appuyer la demande de maintien du régime des droits de plantation en Europe. Ce désaccord entre le négoce et la production se nourrit de conflits issus des dernières réformes de la filière. Du côté du négoce, Michel Chapoutier, représentant de la fédération rhodanienne du négoce, a accusé la production d’avoir fait miroiter au négoce une place dans la gestion des AOP lors de la création des ODG, et de n’avoir pas tenu sa parole. Du côté de la production, Jérôme Despey reproche au négoce d’avoir obtenu la réglementation sur les vins sans indication géographique, sans mettre en place dans les faits la politique de contractualisation qui devait l’assortir.
Mais en plus de ce désaccord, la position des négociants se double d’une autre demande : intégrer dans la régulation de la production celle des rendements. Selon Ghislain de Montgolfier, dans une formule très polémique au vu de l’histoire des appellations, hiérarchisées selon un nombre d’hectolitres par hectare, « les rendements sont une régulation économique, pas de la qualité », et à ce titre les metteurs en marché devraient pouvoir dire si les rendements maximum définis par les ODG pour un millésime ont une justification de marché. On voit donc que le débat est loin d’être clos…
Trois points d’accord cependant. Selon Alan Sichel, représentant de la fédération bordelaise du négoce, dans la régulation de la production des VSIG les instances régionales doivent avoir un droit de regard. D’autre part, pour la prospective, le négoce se dit prêt à plus de transparence sur ses chiffres, en particulier de stocks. Enfin, Ghislain de Montgolfier, comme Jérôme Despey, pense que le vignoble français a la compétitivité nécessaire pour gagner des parts de marché à l’échelle mondiale, sur les vins de grande consommation autour de 3 euros la bouteille.