ancé en 2008-2009, le plan Ecophyto 2018 repose sur un besoin d’adaptation et une volonté d’anticipation. Le plan permettait en effet une adaptation de la filière agricole aux accords cadres pour l’eau, tout en se préparant aux directives communautaires sur l’utilisation durable des pesticides*. A l’occasion du Forum Ecophyto 2018, qui se tenait à Montpellier SupAgro le 15 mars dernier, ces éléments de contexte étaient rappelés.
La résolution de réduire (si possible) de moitié l’utilisation des produits phytophamarceutiques en dix ans reste encore bien floue. Le problème est toujours de savoir de quoi il est question avec cet objectif chiffré. Pour pouvoir diminuer de 50 % une certaine quantité, il faut d’abord déterminer un indicateur pouvant en rendre compte. Parmi les indicateurs possibles (NOmbre de Dose Unité, la Quantité de Substances Actives Vendues, des estimations de biodiversité...), c’est généralement l’Indice de Fréquence des Traitements qui est retenu. L’IFT est l’indicateur annuel du nombre de doses homologuées utilisées par parcelle.
Cet indice est imparfait, ne prenant par exemple pas en compte le cas des préparations «deux-en-un» et ne distinguant pas les produits selon leur impact environnemental. Un IFT substance active est à l’étude, afin d’y pallier. En plus de la question de l’indicateur, il faut également savoir si la référence est nationale ou départementale, si elle distingue le type de culture et les modes de production, s’il s’agit d’une année ou d’une moyenne pluriannuelle...
Les réponses à ces interrogations sont encore floues, le plan Ecophyto étant seulement en train de commencer à appliquer les 115 actions découlant de ses 9 axes de travail (pour plus de détails sur ce sujet, cliquer ici). Parmi les décisions déjà prises, il faut rappeler que le diplôme Certiphyto va devenir obligatoire pour les vendeurs et conseilleurs de spécialités phytosanitaires (à partir du premier octobre 2013), ainsi que pour les professionnels utilisations des phytos (à partir du premier octobre 2014). Certyphyto s’obtient par une formation et/ou un test auprès de chaque DRAAF régionale. Cette mesure concerne 80 000 personnes dans la filière agricole française et répond au règlement européen 2009/928/CE.
Répondant à l’axe 2 du plan, le réseau de Démonstration, Expérimentation et Production de référence sur les systèmes économes en pHYtosanitaires (réseau DEPHY) vient de s’étoffer avec le projet Expecophyto. Sur les 17 propositions d’expérimentation retenues en 2011, 3 concernent la viticulture (Bordeaux, Val de Loire-Centre et Arc Méditerranéen). Ces trois bassins de production viticole forment le projet EcoViti. Sur les 9 stations formant la partie méditerranéenne de DEPHY, c'est celle du domaine du Chapitre qui a retenu l'attention du Forum.
Situé à Villeneuve-lès-Maguelone, ce domaine de 35 hectares de vignes (dont 27 dédiées à la commercialisation) appartient à Montpellier Supagro. Avec le système actuel de traitements systématiques, l'IFT moyen du domaine est de 20, alors que la moyenne régionale est de 16. Deux prototypes ambitieux sont actuellement mis en place. Tous deux veulent réduire à néant l'utilisation d'herbicides (stratégie d'enherbements et de travaux mécaniques), avoir recours au programme Optidose et utiliser des outils d’aide à la décision. Le premier prototype est le « moins 50 % », qui vise une réduction d'au moins 50 % de l'IFT du domaine. Le second est « Bio-contrôle », qui cherchera une réduction maximale de l’IFT. Les premiers résultats sont attendus pour 2013.
Il est à noter que le plan Ecophyto 2018 ne s'occupe pas que de l'agriculture. Les Zones Non Agricoles sont également concernées, ce qui englobe l'entretien des voiries communales, le jardinage amateur et le désherbage des 3 900 kilomètres du Réseau Ferré Français. Ces utilisations représentent 10 % des produits phytopharmaceutiques utilisés chaque année en France. Si un arrêté concernant l'utilisation des produits phytos dans les lieux publics à risque (hôpitaux, écoles...) est en vigueur, le principal reste encore à faire avec les jardiniers du dimanche qui surdosent et utilisent sans expérience ces produits.
* : En France, l’utilisation des produits phytophamarceutiques (fongicides, herbicides...) dépend du Ministère de l’Agriculture, tandis que les produits biocides (démoustication, usage vétérinaire...) sont gérés par le Ministère de l’Environnement. En les rassemblant, ces deux catégories de produits forment les pesticides.