ans son dernier rapport trimestriel, la banque néerlandaise Rabobank a effectué un bilan de la réforme de l’Organisation Commune du Marché viticole européen (OCM vin). Commencé en 2008, cet audacieux plan quinquennal avait pour objectifs de mieux positionner les vins européens sur les marchés mondiaux, mais aussi de réduire et améliorer la production.
Pour un coût d’un milliard d’euros, l’Union Européenne a subventionné l’arrachage de 162 000 hectares de vignes sur la période 2008-2011. La Commission Européenne estime que cela représente 6,7 % des surfaces de l’Europe à 27. Soit un manque à produire d’un peu plus de 10 millions d’hectolitres (6 % de la production européenne moyenne). Les principaux pays bénéficiaires de ces primes sont l’Espagne (43 % des surfaces arrachées), l’Italie (33 %) et la France (14 %).
Suite à la réforme de l’OCM, 708 millions d’euros ont été investis dans des opérations de promotion et de positionnement des vins européens, notamment auprès des pays tiers. 608 millions d’euros ont également été injectés dans l’amélioration qualitative de la production des vins européens. Dans ce cadre, 30 millions d’euros ont par exemple été investis en Italie pour promouvoir les vendanges en vert durant 2011.
Selon la Rabobank, la nouvelle OCM vin aura surtout réussi à réduire les stocks de vins européens. Le fort développement des vins européens sur les marchés étrangers* serait autant dû aux opérations marketing de l’Union « qu’à la faiblesse relative de l’euro, qui a gonflé la compétitivité européenne ». La Rabobank avance également que la tendance à la hausse des vendanges espagnoles et françaises remet en doute la diminution de la production recherchée par l’OCM. Les les surfaces européennes diminuent et sa productivité augmenteraient.
De 2006 à 2010, le déclin de la consommation des vins européen dans l’Union représentait 9,85 millions hL. Ainsi la réduction du potentiel de production a surpassé de 7 % cette diminution de la consommation. Les prévisions d’évolution de la consommation européenne restant négatives, la surproduction structurelle devrait persister, sans que la distillation puisse dorénavant y pallier.
Globalement, la Rabobank dit ne pas s’étonner que « les objectifs initiaux ne soient pas atteints, les réformes de cette ampleur sont notoirement inefficaces. A la fois dans leur mise en place et leur pilotage. » Pour le futur, la Rabobank prédit une réduction des volumes produits, mais une compétition plus élevée sur les marchés étrangers. Les suites à donner à cette OCM doivent être mis en débat cette année à Bruxelles. Selon les estimations de la Rabobank, il resterait 2,5 milliards d’euros dans l’enveloppe actuelle.
* : les exportations de vins européens ont augmenté de 25 % en valeur et de 26 % en volume en 2010 par rapport à 2009.