nstallés dans la région de Kiev, d’Odesa ou de Kherson, une vingtaine de vignerons ukrainiens ont échappé à la guerre le temps d’une semaine dans le Sud de la France et en Espagne.
« Ils suivent tous des formations sur la viticulture durable financées par le Centre du commerce international, visant à connecter les petites entreprises des pays en développement aux marchés internationaux » détaille Gheorghe Arpentin, lui-même vigneron et ancien directeur de l'Office National des Vins de Moldavie ayant eu l’idée de ce voyage pour leur permettre d’approfondir leurs connaissances.
Après avoir obtenu une attestation temporaire de quitter le territoire, les membres du groupe ont pris l’avion en Moldavie, en Pologne, ou en Roumanie pour atterrir à Montpellier le dimanche 28 mai au soir.
Le lendemain matin, escortés par un fonctionnaire du ministère de l’Agriculture ukrainien qui les a suivis toute la semaine, ils ont découvert le domaine de Rieucoulon et le château de Flaugergues, « tous deux à la pointe sur la vinification, avec une parfaite maîtrise des températures et un travail par gravité » justifie Gheorghe Arpentin.
Les vignerons ont rejoint l’Aude le mardi matin après un passage chez Virgile Joly. Ils se sont d’abord arrêtés au château de l’Hospitalet chez Gérard Bertrand, « référent en matière d’œnotourisme et de biodynamie », et ont passé la fin de journée sur l'Unité Expérimentale de Pech Rouge.
Gheorghe Arpentin a savouré ce moment. « Cela m’a rappelé mon stage Montpellier sur le pouvoir antioxydant des pépins de raisin de 1990 à 1993 pendant lequel j’avais passé beaucoup de temps à Gruissan et à la station œnologique de Narbonne. Je suis arrivé avec un passeport de l’Union Soviétique et quand je suis rentré l’URSS n’existait plus ! On m’a posé beaucoup de questions avant de m’accorder un passeport ukrainien » se souvient avec émotion celui qui a depuis pris la nationalité moldave.
A Pech Rouge, le groupe a dégusté et apprécié les variétés Bouquet. « Les vignerons envisagent d’en planter dans les prochaines années pour utiliser moins de pesticides » se réjouit l’organisateur.
Le lendemain, les Ukrainiens ont rencontré Jean-Marie Fabre, François-Régis Boussagol, et Samuel Masse, vice-président de la Confédération européenne des vignerons indépendants (CEVI), « une organisation à laquelle plusieurs vignerons aimeraient adhérer » continue Gheorghe Arpentin.
Le voyage s’est terminé en Espagne. « Nous sommes allés dans la région de Penedès chez des producteurs de cava très engagés dans la bio et la biodynamie, et nous avons fini dans le Priorat, où la ressource en eau est très limitée » conclut Gheorghe Arpentin. Cette dernière visite a particulièrement inspiré les vignerons de la région de Kherson, où la question de l’eau est au cœur des préoccupations depuis l’explosion du barrage de Kakhovka.