ignes résistantes, interspécifiques, hybrides, anciens ou nouveaux, « appelez-les comme bon vous semble », mais parlons-en. Tel est le propos liminaire de cette nouvelle association, malicieusement baptisée Vitis Batardus Liberata.
A l’origine de ce projet – l’assemblée générale constitutive est planifiée en juillet – l’on trouve des vignerons : Lilian Bauchet (Beaujolais), Geoffrey Etienne (Creuse), Valentin Morel (Jura), Cyril Alonso (Beaujolais), Didier Grappe (Jura), Romaine Des Grottes (Beaujolais), etc. Leur point commun : ils produisent des vins « naturels », ont testé les hybrides et sont aujourd’hui convaincus que ces variétés sont dignes d’intérêt.
« Il s’agit de transformer l’essai du vin naturel, en produisant des vins sans chimie dans la cave mais aussi dans la vigne », explique Lilian Bauchet. Lui-même en a planté une belle diversité et partage allègrement ses retours d’expériences avec des vignerons intéressés. « Et il y en a de plus en plus. On est passé de ‘je suis curieux’ à ‘OK, je me lance, comment je fais ?’ », témoigne-t-il.
Convaincu, Lilian Bauchet espère que l’association permettra de lever les « biais cognitifs » qui entravent le débat. « Certains se méfient car ils associent les hybrides à une vision techniciste, aux biotechnologies, aux OGM, etc.» D’autres s’attachent aux questions de goût du vin, « mais nous on sait, parce qu’on a une maigre expérience, mais expérience quand même, qu’on est capables de faire des vins qui tiennent la route ». Il y a aussi des doutes autour de la « résistance » réelle de certains de ces hybrides.
«Il faut justement trier le bon grain de l’ivraie », argumente le vigneron « Ces variétés font partie du patrimoine français. C’est une histoire qu’on a oubliée. Ils ont été virés à une époque par la réglementation, le remembrement, etc… mais si la question écologique avait été appréhendée à ce moment-là, ils seraient encore là ! »
Place donc au « vrai débat », propose cette association ouverte à tous ceux qui se reconnaissent dans sa démarche « philosophique ». Au programme : des échanges et rencontres entre vignerons, un guide pratique pour les pros, un autre pour le grand public, des salons dédiés…