t si l’Appellation d’Origine Protégée devenait une Appellation d’Origine Plaisir ? Que de l’acronyme technocratique émerge l’hédoniste terrien. Certes, la notion de plaisir est éminemment subjective : comme tout ce qui a trait avec la dégustation, les goûts et les couleurs, etc. Mais objectivement, des lots de vin accèdent à l’appellation avec un niveau qualitatif plus que limite : un manque de sélectivité qui érode la perception par le consommateur de nombre d’appellations, grandes comme petites. Au "pop" du débouchage succède un "bof" dans le verre. Et la prochaine fois ce sera peut-être le "pschit" d’une bière ou le spritz d’un cocktail qui prendra la place du "pif".
Que les appellations ne fassent plus dans le social demande de l’intransigeance : pas de plaisir sans peine disait-on par le passé. En éliminant les vins d’une plate médiocrité, sans défaut ni qualité, la sélection permettrait de distinguer l’AOP en la remettant au sommet de la pyramide viticole. Alors que son accessibilité actuelle en fait parfois une production de base. Pour ne pas dire un produit de masse afin d'approvisionner des marchés de premiers prix qui se tarissent actuellement. Si cette demande existe de moins en moins, les stocks restent et pèsent de plus en plus (notamment en rouge).
À l’exigence, il faut également ajouter de la transparence : quel syndicat viticole publie aujourd’hui le pourcentage de réussite à ses dégustations d’agrément ? Réguler plus franchement les qualités permettrait de réduire des quantités parfois excédentaires sans toujours jouer sur les rendements (et réduire la rentabilité de tous les opérateurs). Si la loi Évin bannit tout hédonisme de la communication sur les vins, mettre en avant le tour de main de son producteur referait de l’appellation un vrai signe de qualité et pas seulement de respect d'un cahier des charges sur un lieu donné. Une remise en question alliant l’utile pour la filière à l’agréable pour le consommateur. « Il y a plaisir, ne m'en parlez point, à travailler pour des personnes qui soient capables de sentir les délicatesses d'un art » écrit Molière dans l’acte 1, scène 1 du Bourgeois Gentilhomme (1670).